Le football est le sport national, pour le constater il suffit de s’accouder au comptoir d’un bistrot après un match et d’écouter les commentaires des clients. Match régional ou match national, dans un cas seuls les locaux seront concernés, dans l’autre toute la France, mais toujours les discussions ressasseront les mêmes thèmes, chacun refaisant le match, discutant les décisions de l’arbitre, les choix du coach ou les performances des joueurs. Bien entendu, quand il s’agit de l’équipe nationale, l’écho prend une ampleur plus importante, relayé par les médias.
Depuis le titre de champion du monde récolté en 1998 à Paris, le Onze tricolore porté aux nues a entamé une lente mais progressive descente jusqu’à se fracasser au sol, en juin 2010 lors de la Coupe du Monde en Afrique du Sud. L’imbroglio extra-sportif qui a ridiculisé tous les footballeurs français et leurs supporters est encore dans toutes nos mémoires et quoi qu’on fasse pour l’oublier, il semble qu’il y soit gravé pour longtemps encore.
Quand le sport national va mal, la nation va mal. L’ennui, c’est qu’on n’avait pas besoin de ce fiasco – sans importance, objectivement parlant – pour casser un peu plus le moral des Français. Le pays ne va pas fort (économie, chômage etc.) et notre équipe de foot non plus.
Le gouvernement vient d’annoncer des mesures pour renflouer les caisses de l’Etat, mais tout le monde sait très bien que l’effort est insuffisant et qu’il faudra faire beaucoup plus pour que les résultats soient à la hauteur des nécessités. Exactement comme nos Bleus, qui enchaînent les victoires depuis la reprise en main de l’équipe par le nouveau coach, mais ces bons résultats cachent mal la fragilité du Onze français qui ne réussit jamais à faire un match parfait d’un bout à l’autre, même contre des adversaires modestes.
Le pays compte de nombreux hommes et femmes de talent, dans tous les secteurs et activités, mais les Français ne paraissent pas avoir une conception collective de l’effort face à la concurrence mondiale. Tout comme nos footballeurs, il y a d’excellents joueurs dans l’équipe, qui brillent dans leurs prestigieux clubs européens, mais ils traînent la patte dans l’équipe nationale.
L’ego de nos politiques, hommes et femmes, n’a pas de limites, tout le monde veut être président. Les problèmes d’ego sont aussi un frein au bon rendement de notre équipe, on commence à les discerner dans les commentaires des journalistes sportifs quand ils évoquent certaines petites phrases de joueurs.
Si tous les Français ne sont pas racistes, le racisme n’est jamais très loin quand on analyse les propos entendus dans la rue, le football n’y échappe pas, on l’a vu récemment avec l’évocation de quotas de « Noirs » dans l’équipe de France.
Enfin, nos joueurs sont comme leurs compatriotes, le fric est le carburant de leurs ambitions et le maillot national, devenu une ridicule marinière, ne les motive pas beaucoup. Si l’Equipe de France de football nous déçoit, c’est peut-être aussi parce que la France nous déçoit ?