A Chaumont sur Loire, chaque année se déploie le festival des jardins.
Des dizaines d’artistes sont invités à créer leur propre jardin sur une parcelle de terre.
Julien Maieli et Germain Bourré, Jardin à la rue, 2011Ephémères par essence, les jardins de Chaumont sont un véritable délice qui agit sur le corps comme un bon massage et sur l’esprit comme une bombe de couleurs et de formes des plus alléchantes.
Un moment de détente féérique où la réflexion n’est pas exclue loin s’en faut. En effet, le thème de l’édition 2011 est « Jardins d’avenir ou l’art de la biodiversité heureuse ».
Julien Maieli et Germain Bourré, Jardin à la rue, 2011
Le jardin explorant le plus pertinemment cette thématique est, à mon sens, celui de l’architecte paysagiste Julien Maieli et du designer Germain Bourré. Il s’agit du « jardin à la rue » le numéro 18 sur le plan.
Ces deux artistes nous proposent une véritable vision pour l'avenir où le jardin et la biodiversité deviennent des éléments structurels de la rue. Je m’explique, dans cette parcelle vous trouverez entre autres une station de lagunage qui longe les trottoirs avec des plantes aquatiques qui filtrent et purifient les eaux de ruissellement et créent une barrière de protection naturelle entre automobiles et piétons.
Les trottoirs se poursuivent avec des lampadaires photovoltaïques qui ici possèdent en plus des récipients pour récolter et stocker l’eau de pluie.
Pour parfaire ce jardin de rue, notre fameux bitume polluant est remplacé par un liant à base d’algues.
Utopie d’écolo me direz-vous, mais nous n’en sommes plus là vous rétorquerai-je car ces méthodes fonctionnent et sont utilisées par les communes en France et ailleurs. Reste à les généraliser…
Lucy in the Sky, Chilpéric De Boiscuille, architecte, Raphaëlle Chere, Pauline Szwzd, ingénieurs paysagistes ENSNP et Benjamin Haupais, étudiant 4ème année ENSNP
Mon autre coup de cœur se nomme « Lucy in the sky » en référence à la chanson des Beatles « Lucy in the sky with diamonds. Le jardin numéro 16 est l’œuvre d’un architecte, de deux ingénieurs- paysagistes et d’un étudiant. Le concept est celui du jardin sur les toits dans les villes. En face de nous s’érige un ascenseur factice indiquant « en panne » ? Nous le contournons et l’on se retrouve face à des dizaines de cheminées et de cagettes en bois où courent diverses variétés de plantes d’ornement et de plantes aromatiques.
En tant qu’urbaine, ces deux jardins m’ont particulièrement touchéé et c’est peut-être sous leur influence que j’ai planté de la lavande, du thym citronné et autre rosier sur mes balcons parisiens. Je suis désormais ravie d’y observer butiner les abeilles. Promis la prochaine fois je vous parle de mon nouveau compost d’appartement !
Après vous êtes délectés de nature, ne manquez pas d’entrer dans le château de Chaumont qui se trouve dans le même parc. Vous découvrirez alors de nombreuses œuvres d’art contemporain in situ en plus d’une cheminée Renaissance absolument étonnante. Mention spéciale pour l’exposition de Sarkis qui a repris la technique du vitrail, chère au Moyen-Age, pour nous proposer des images de la misère contemporaine, chiens errants et mendiants mais aussi couchers de soleil. Chaque vitrail est placé devant une fenêtre afin que la lumière joue de ces variations sur chaque couleur de l’œuvre. Le tout est mis en scène dans le grenier du château, sorte de comble ou chambres de bonnes, où un bazar organisé et muséographique règne en maître, un vrai cauchemar de conservateur !
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Festival des jardins de Chaumont sur Loire
41150 Chaumont-sur-Loire
tél. : 02 54 20 99 22
jusqu'au 16 octobre 2011