Dans ma vie, j'ai une grave défaillance (mais j'en ai qu'une bien évidemment) : j'ai un sens de l'orientation d'une poule (voire même le sens de l'orientation d'une poule trisomique...). En fait, je suis tout le temps perdue et les 3/4 du temps j'ignore totalement où je vais et où je suis (ne voyez aucune métaphore avec mon état mental). C'est simple, si vous voulez la bonne direction, vous prenez l'opposée de celle que j'indique (c'est la meilleurs solution pour ne pas se retrouver au fond d'une impasse ou d'un marécage). Ma collègue Gilberte m'a expliqué avec beaucoup de sérieux que c'est parce que je n'avais jamais joué à la voiture lorsque j'étais petite et que c'est donc pour ça que les hommes ont un sens de l'orientation hyper-ultra développé et que nous, pauvres femmes perdues, nous ne pouvons nous repérer sans un mâle à proximité. Comme j'aime pas trop m'engueuler avec mes collègues, je me suis contentée de faire un haussement d'épaules plutôt que de lancer un débat qui allait être cinglant (et puis en plus j'adorais jouer à la voiture téléguidée - mais en même temps un débat sur le genre c'est plutôt d'actualité, il faudrait que je relance Gilberte en fait).
Jusqu'à présent je me cachais souvent derrière le fait que j'aimais me perdre... Cela me permettait de découvrir de nouveaux endroits, parfois un quartier insoupçonné, une jolie rue, bref se perdre c'était donc une manière de vivre! J'adorais d'ailleurs partir avec l'Indispensable, car on a le même sens aigu de l'orientation et du repérage (au lieu de repérer un bâtiment immuable genre la CAF ou un nom de rue, on préfère repérer la jolie bicyclette bleue qui était attachée juste là - mais qui ne s'y trouve plus - bien évidemment - lorsqu'on cherche à nouveau son chemin!), ca a été l'occasion de beaucoup de fous rires.
D'ailleurs, cela me fait penser que ça a été le même combat avec ma myopie... Pendant des années j'ai prétexté que j'aimais vivre dans le flou. Je ne vous raconte pas le cocktail explosif avec mon sens de l'orientation de poule. Non seulement je ne me repérais pas mais en plus je ne pouvais lire le panneau qu'une fois à 50 centimètres de lui... A cette période, ma vie en voiture s'est résumée à faire demi-tour. Je pense que c'est une époque de ma vie pendant laquelle le cher et tendre a pensé à me quitter car il passait son temps à faire la hotline... J'étais dans ma voiture, armée de mon kit piéton (j'suis pas un danger non plus), et lui au bureau, en direct sur google map. Un couple formidable!
Il a fini par craquer et il m'a offert un Tom-Tom. Il faut que j'avoue que c'est tout de même fort utile notamment lorsque j'ai des déplacement professionnels et que je ne suis donc pas censée flâner pendant des heures! Ca m'a totalement changé la vie : je parle trois plus en voiture (car en plus d'insulter les gens, je réponds à mon Tom-Tom quand il me parle - mais pas lui...) et je ne me perds pratiquement plus (mais j'arrive encore à le faire car parfois mon Tominou il n'est pas très clair - ou je suis trop bête pour comprendre ses explications). Bref, je crois que je l'ai définitivement adopté : je n'ai plus besoin de repérer sur mappy, d'imprimer des tonnes de papier et de partir 2h à l'avance pour être sûre d'être à l'heure alors que mappy m'indique un temps de trajet de 40 minutes. Néanmoins, je pense qu'il faut encore que je prenne le temps de me perdre pour continuer à découvrir ces jolis coins insoupçonnés comme la jolie route romantique au bord du rhône sur laquelle nous sommes tombés la semaine dernière...