On espérait Hannibal on a eu Louis XVI !

Publié le 06 septembre 2011 par Nicolas007bis

Dans la campagne électorale qui s’engage engagée depuis plusieurs mois déjà, il me semble ni simpliste ni partial de dire que la seule chance de Sarkozy c’est d’apparaitre le plus crédible pour faire face avec fermeté et courage aux crises qui nous menacent et aux réformes qu’elles nous imposent.

D’ailleurs les candidats à la primaire socialiste (euh, désolé Monsieur Baylet) ne s’y sont pas trompés qui, tous ou presque, tiennent un discours que l’on pourrait qualifier de raisonnable auquel disons le franchement, le PS ne nous avait guère habitué (doux euphémisme) !

Le succès de François Hollande doit beaucoup à ce qu’il a, dès son entrée en campagne et avec constance, toujours affirmé l’importance qu’il y aurait, pour le futur président de la république, à traiter le problème des déficits. Comme DSK avant lui, il semble avoir réussi auprès de beaucoup, à apparaitre comme celui qui a réussi à combiner ce qui dans l’imaginaire populaire passe pour les qualités de la Droite et celles de la Gauche. En bref, une sorte d’alchimie idéale entre le social et l’économique, entre la solidarité et la rigueur.

Même si, par rapport à DSK, il apparait probablement plus de gauche et pas aussi compétent, il n’en reste pas moins qu’il en a, en grande partie, repris le fond de commerce et qu'il en est logiquement, en terme de popularité, le digne successeur.

De ce point de vue, je relève non sans une certaine délectation, que l’on retrouve dans le discours du candidat Hollande 2012 ainsi d’ailleurs que dans celui d’autres candidats PS, un certain nombre des thèmes portés par le candidat Bayrou de ... 2007 (réforme de la fiscalité, lutte contre les déficits, fin du cumul des mandats, police de proximité etc etc). Rappelons, par exemple, à ceux qui ont la mémoire courte, l’esprit obtus ou qui n’avaient pas fait, à l’époque, l’effort de l’écouter, que François Bayrou n’a pas attendu que la France ait quasiment la tête sous l’eau pour faire de la lutte contre les déficits un de ses cheval de bataille. Alors que pendant de ce temps, Ségolène et le PS loin derrière elle, promettait monts et merveilles pour pas un rond !

Comme quoi tout arrive, et contrairement à ce qu’ont prétendus beaucoup de malfaisantes mauvaises langues, Bayrou ne s’est pas rapproché du PS, c’est le PS, ou du moins certains de ses candidats, qui se rapprochent de ses idées !...mais, bon, ne nous en plaignons pas, même si il a encore beaucoup de chemin à faire, réjouissons nous que le principal parti d’opposition arrive enfin à évoluer dans le bon sens !

Mais revenons à notre candidat-président Sarkozy.

Comme le diraient pudiquement nos savants commentateurs de la vie politique, Nicolas Sarkozy a un déficit … de popularité. En clair, personne ou presque ne l’aime. Pour de bonnes ou de mauvaises raison, il a lassé et, si on en croit ce que nous disent de manière assez constante et unanime les sondages, une grosse majorité de nos concitoyens aimeraient bien tourner la page sarkozienne !

Devant des candidats PS qui se donnent beaucoup de mal pour convaincre les français que le temps où ils promettaient de raser gratis est révolu, Nicolas Sarkozy a obligation, s’il veut garder une petite chance de gagner, d’apparaitre comme l’homme de la grave situation qui est la notre !

Pour cela, il doit donner des gages de sa fermeté, de sa capacité à imposer des décisions, des mesures, des réformes nécessairement impopulaires. Convaincre qu’il est le guide sévère mais juste, qui tel un Hannibal des temps modernes, saura malgré les intempéries et le terrain difficile, guider la lourde France sur les sentiers étroits et escarpés qui mènent à la réussite économique et sociale (c’est beau on dirait du veau) !

Eh bien on peut d’ores et déjà dire que c’est râpé !

On espérait Hannibal on a eu Louis XVI !

Sans juger de la justesse ou de la cohérence des décisions annoncées fautes d’être réellement prises, le Gouvernement, et à travers lui Nicolas Sarkozy, n’a fait que se dégonfler cédant aux pressions de tous les lobbyistes de France et de Navarre.

Il n’y a pas si longtemps, l’affaire des radars avait révélé cette incapacité du gouvernement à imposer ses décisions.

Il avait piteusement cédé aux injonctions des vendeurs de détecteurs de radars et de députés pétochards. Le plus drôle à ce sujet, c’est que depuis rien n’a changé, strictement rien, et que c’est maintenant que tout le monde semble s’apercevoir que cette histoire de pédagoradars n’est qu’une vaste et couteuse fumisterie pour tenter, en vain, de sauver la face.

Mais alors, et même si ce n’était pas la première, certains indulgents étaient encore en droit de penser à une défaillance exceptionnelle, un moment de faiblesse coupable mais éphémère, une sorte de malheureuse et peu glorieuse exception qui confirme la règle d’acier avec laquelle Sarkozy et son gouvernement taperont sur les doigts des populistes et autres récalcitrants démagos.

Tu parles !

Il n’a pas fallu attendre très longtemps pour voir se reproduire le même phénomène qui, à force de répétition, laisserait plutôt penser, que sa règle d’acier, Sarkozy et son gouvernement, s’en servent comme tuteur pour soutenir leurs maigres convictions.

Il y a à peine 2 semaines, François Fillon, la mine grave et le verbe solennel, nous annonçait un plan de rigueur. Le premier plan présenté comme tel et censé apporter la preuve aux marchés, à l’Europe et aux français que Sarkozy et son gouvernement affrontaient avec courage et fermeté le problème du déficit budgétaire.

Cette annonce était d’autant plus symbolique qu’elle était sans réel précédent depuis des décennies, enfin un gouvernement qui ose dire la vérité aux français et aller au bout (ou presque) de cette vérité !

Eh bien, l’impression a été de courte durée. Il n’a pas fallut attendre longtemps pour que le gouvernement et à travers lui Sarkozy, cède sur plusieurs points sous la pression des lobbies.

Ca a commencé par l’abandon en rase campagne de l’augmentation de la TVA sur les parcs à thème (qui bénéficient du même taux que les produits de première nécessité !!!) qu’ils imaginent de troquer contre une taxe sur les chambres d’hôtel à plus de 200 euros (là aussi c’est un taux de 5% qui est appliqué !) mesure qui, à peine suggérée, est déjà contestée elle aussi !

Ca c’est poursuivi par une remise en cause de la suppression de tout abattement sur les plus-values immobilières, hors résidence principale.

Et tout ça, avant même que le plan ne passe devant les députés !

Je ne reviendrais pas sur ce plan sans vigueur ni saveur et manifestement bricolé à la va-vite. Pour autant, si il y avait bien un moment ou il fallait savoir rester droit dans ses bottes, c’est bien celui-là !

Ce n’est pas que les mesures contestées soient les plus importantes financièrement, mais c’est une question de symbole et donc d’image.

De deux choses l’une, soit la mesure est justifiée, cohérente et efficace et dans ce cas on ne revient pas dessus à la moindre contestation clientéliste. Soit elle ne l’est pas et dans ce cas….on ne la prend pas !

Se dédire aussi facilement est une preuve soit d’incompétence (Ah ben tiens, c’est vrai, c’était peut être pas une bonne idée après tout !) soit de faiblesse. Dans les deux cas, disons tout crument, c’est peu glorieux et surtout peu rassurant sur la capacité de Nicolas Sarkozy à mener le bateau France en pleine tempête.

Comme il ne peut compter que sur son image de capitaine solide et compétent pour espérer faire bonne figure en 2012, avec ce genre d’attitude, il va droit au naufrage. Et comme les français ne seront probablement pas emballés à l’idée de couler avec lui, il y a à craindre ou espérer qu’ils le virent du navire dès que possible.

Plus que le PS, c’est le clientélisme et la précipitation qui auront la peau de Sarkozy !