Au cours du campus de l'UMP, Alain Marleix, par ailleurs expert en charcutage électoral, a déclaré : " Depuis deux ou trois jours, on voit des listes de gauche dissidentes : [...] Aussi dans l'Essonne, où notre Coréen national, Jean-Vincent Placé, va avoir chaud aux plumes ! "
Quand donc certains élus de la majorité voudront-ils bien respecter cette règle d'or figurant dans l'article 1° de notre Constitution : " La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion " ?
D'autres, à moins qu'il ne s'agisse des mêmes, avaient entrepris de lancer un débat fumeux sur l'identité nationale, heureusement avorté. Pourtant, il est très facile de savoir qui est français : toute personne détenant une carte d'identité nationale française. Le caractère infalsifiable de ce document a d'ailleurs valu parfois aux infortunés nés en dehors de notre pays, tel qu'il est délimité actuellement, les pires difficultés pour renouveler la CNI qu'ils détenaient déjà.
M. Marleix, et d'autres de ses confrères en sottise, ignorent qu'en France ce n'est pas le droit du sang qui prévaut. On n'a à ce jour pas encore identifié un ADN français. On aurait peut-être davantage de chance en cherchant un éventuel gène de la bêtise, tant celle-ci semble répandue dans certains milieux politiques.
Pour en revenir à Jean-Vincent Placé , il est né le 12 mars 1968 à Séoul, a été adopté sous forme plénière à l'âge de sept ans par une famille française et naturalisé en 1977. Il est donc tout aussi français qu'Alain Marleix, né le 2 janvier 1946 à Paris. Je ne comprends pas ce qui autorise ce dernier, d'une part, à user de ce ton condescendant : " notre Coréen ", comme si Jean-Vincent était son protégé ou un familier, et d'autre part à rappeler son origine coréenne, même si elle n'a rien d'infâmant. M. Placé est français, un point c'est tout.
Depuis 1988, M. Marleix s'est solidement implanté dans le Cantal. Ses différents mandats l'ont peut-être amené à côtoyer Brice Hortefeux, autre francilien immigré en Auvergne mais, lui, dans le Puy-de-Dôme, condamné en première instance pour injure publique suite à des propos ambigus sur des Maghrébins ou des Auvergnats, allez savoir. Est-ce l'air de cette belle région d'Auvergne qui incite certains élus à faire référence, en violation de notre Constitution, aux origines de Français nés ailleurs ? Brassens avait chanté ces individus bien d'cheu nous, il y a plus de cinquante ans, " les imbéciles heureux qui sont nés quelque part ".