La lettre de Conrad est la suite, ou plus exactement l'autre versant, du célèbre roman de Fred Uhlman, L'ami retrouvé.
«La mort pour moi n’est pas un bien. Elle l’est peut-être pour un vieil homme, mais pas pour un homme de trente-deux ans.»
Le narrateur profite de ses dernières 48 heures avant son exécution à mort, en raison de sa participation à l'attentat contre Hitler, pour s'adresser à un vieil ami juif.
« La grâce première, disent les Anciens, est de n’être pas né, de n’avoir jamais vu le jour. La seconde, c’est de mourir. »
Cette lettre est une confession avec ce que cela comporte comme vérités jusques-là non dites et d'aveux.
C'est également une lettre de pardon, pleine de regrets, adressée à son ami, au seul et unique que le narrateur, un jeune issu de la haute noblesse, a eu dans sa jeune vie et qu'il a trahi en raison du contexte politique de l'Allemagne de années 30, ainsi que du suivisme et de la faiblesse du narrateur...
«Ni lui ni ses amis n’avaient pris Hitler au sérieux. (…) Une fois au pouvoir, Hitler cesserait de prôner des inepties et agirait, plus ou moins, de manière démocratique. Évidemment, il se débarrasserait des « rouges », ce qui serait une excellente chose, et rendrait la vie moins agréable aux Juifs. Mais, au bout d’un certain temps, les choses se calmeraient, et tout rentrerait – plus ou moins – dans l’ordre. (…) Combien de millions de bourgeois allemands qui voulaient vivre tranquillement avaient tenu de toute bonne foi ces propos ?»
Pas de résurrection, s'il vous plait suit la belle et émouvante lettre de Conrad.
Cette longue nouvelle met en scène un homme qui revient en Allemagne après plus de trente ans d'exil, dans la ville où vivaient lui et sa famille avant le nazisme.
Les lieux retrouvés ne lui sont ni inconnus ni familiers, son ex fiancée est devenue une étrangère mais pas totalement, ses ex camarades de classe le dégoûtent ou lui sont indifférents, et le plus nazi d'entre eux n'est pas totalement un salaud puisqu'il lui a sauvé la vie...
Prédomine la sensation de malaise d'un homme qui porte en lui, depuis tant et tant d'années, une blessure vive qui l'empêche de profiter pleinement de sa vie.
«Lui n’avait perdu aucun paradis ; il avait échappé à l’enfer. Mais pourquoi lui y avait-il échappé quand tant d’hommes, combien plus estimables, avaient été liquidés (…) ? Il ne comprenait pas.»
A lire.