Les auteurs rappellent que les phtalates largement utilisés dans les produits de consommation allant des jouets en plastique, des matériaux de construction, aux shampooings, sont déjà connus pour perturber le système endocrinien. D'autres études menées sur des enfants d'âge scolaire ont confirmé des liens entre exposition précoce ou prénatale aux phtalates et troubles du développement. Cette étude est la première à examiner le lien entre l'exposition prénatale et la prévalence d'un ensemble de troubles, mentaux, moteurs et du comportement chez des enfants en âge préscolaire.
L'étude a suivi les enfants de 319 femmes non fumeuses ayant accouché entre 1999 et 2006. Les chercheurs ont mesuré 4 métabolites de phtalates (di-2-ethylhexyl, di-isobutyl, di-n-butyl et butylbenzyl) dans l'urine comme marqueurs de l'exposition prénatale maternelle et ont évalué les associations entre l'exposition prénatale aux phtalates et le développement mental, moteur et du comportement de l'enfant à l'âge de 3 ans. Pour cela, les scientifiques ont utilisé des échelles standards (Bayley, Child Behavior Checklist..).
Jusqu'à un triplement du risque de troubles avec une exposition prénatale élevée: Les chercheurs constatent que l'exposition prénatale à 2 des phtalates augmente considérablement la probabilité d'un retard moteur, une indication de futurs troubles de la coordination motrice. Chez les filles, l'un des phtalates est associé à un retard important du développement mental. L'exposition prénatale à 3 des phtalates est associé de manière significative à des troubles du comportement ( anxiété, dépression, troubles somatiques et repli sur soi). Ces effets différent légèrement selon le sexe des enfants sont statistiquement significatifs chez les garçons comme chez les filles. Les enfants parmi les 25% soumis aux plus hauts niveaux d'exposition présentent un risque double ou triple par rapport aux enfants des 25% les moins exposés. Les auteurs précisent néanmoins, qu'au final le nombre d'enfants atteints de troubles était limité mais que la gamme des expositions relevées dans l'étude reflétait bien la gamme des expositions de la population.
Les chercheurs mettent en avant leur incidence sur la fonction de la glande thyroïde et sur la production de testostérone ce qui joue, selon eux, un rôle critique également dans le développement du cerveau. "Nos résultats suggèrent que l'exposition prénatale à ces phtalates affecte le développement mental, moteur et du comportement de l'enfant pendant ses années préscolaires», conclut le Dr Whyatt. Les mécanismes explicatifs de cet impact des phtalates sur le développement du cerveau sont encore l'objet de recherches.
Source: Environmental Health Perspectives doi.org/10.1289/ehp.1103705 « Maternal Prenatal Urinary Phthalate Metabolite Concentrations and Child Mental, Psychomotor and Behavioral Development at Age Three Years” (Visuel © Florian Villesèche - Fotolia.com)