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Rendre l’information télévisée accessible aux sourds (1)

Publié le 05 septembre 2011 par Stéphan @interpretelsf

Rendre l’information télévisée accessible aux sourds (1)

Université d’été du Parti Socialiste à La Rochelle, Campus de l’UMP à Marseille, organisation de primaires pour désigner le candidat du PS, vote des militants d’Europe Ecologie Les Verts en faveur d’Eva Joly… la campagne en vue de l’élection présidentielle est déjà bien engagée.

Pendant longtemps pour la communauté sourde, ces événements demeuraient largement incompris voire inconnus car inaccessibles. En effet, ils n’avaient connaissance de ces informations, ces dernières n’étant pas ou très peu traduites en LSF.

Or, comme le souligne Arlette Morel, ancienne Présidente de la Fédération Nationale des Sourds de France et initiatrice du premier service d’interprétation Français/LSF à Paris, «l’interprétation en langue des signes permet aux sourds d’avoir accès in vivo à l’information. Autrefois, il y a une vingtaine d’années, en matière de politique, les sourds étaient influencés par leur entourage immédiat, souvent ils votaient comme leurs parents. Ils n’avaient pas accès aux débats télévisés à l’occasion desquels les candidats présentent leur programme. Aujourd’hui, des meetings sont interprétés le débat opposant les deux candidats à la dernière élection présidentielle [1995] a été rediffusé accompagné d’une interprétation en LSF. Cela représente un gros progrès. Si on leur en donne les moyens, les sourds peuvent être des citoyens responsables et autonomes. Il faut que les sourds aient accès à la culture, à la formation et à l’information».

Si le «réveil sourd» a permis à cette communauté de se prendre en main, d’affirmer son existence, il a également mis en lumière la difficulté pour cette population non seulement d’accéder mais aussi de comprendre l’information.

Or, comme le rappelait l’ancien ministre délégué à la Sécurité sociale, aux Personnes âgées, aux Personnes handicapées et à la Famille, Philippe Bas «l’accès à la télévision est la condition même de la participation à la vie sociale. Informer, divertir, offrir à chacun les clés pour trouver sa place dans la société, pour devenir citoyen et s’ouvrir à la culture de son pays, telles sont les missions de la télévision».

En ce domaine, la situation vécue par les sourds est bien différente de celle des entendants et s’ils ne font pas preuve d’un certain acharnement, ils passent immanquablement à côté de l’information. En effet, les entendants sont inondés par un flot continu d’informations sonores provenant de médias multiples (radio, télévision, Internet, téléphonie) qui leur permettent plus facilement et plus rapidement de se construire une opinion, tandis que les sourds ont bien conscience d’être largement sous-informés et en constant décalage par rapport au reste de la société.

Certes, il est vrai qu’aujourd’hui internet offre une information écrite à tout moment de la journée mais encore faut-il avoir accès à ce moyen de communication. Quand bien même, il apparaît souvent des problèmes de compréhension liés au vocabulaire propre aux informations qu’elles soient nationales ou internationales. Et il est parfois difficile pour un sourd d’en saisir tous les mots, les subtilités et autres implicites, et donc, d’avoir accès au sens réel. L’information délivrée par un journaliste, qu’elle soit écrite ou télévisée, se base sur des idées, des concepts et fait référence à des notions, des événements ou à des personnalités qui peuvent être inconnus d’une majorité de sourds.

Ainsi, beaucoup de sourds ne s’approprient pas l’écrit et la lecture, malgré des années d’apprentissage scolaire et/ou ont de graves lacunes en français qui les mettent en situation d’échec. Selon le rapport de Dominique Gillot, alors député du Val d’Oise (1998), en France le pourcentage de sourds illettrés est de 60 à 80 % sur 4 millions de personnes sourdes environ : les chiffres variant selon les paramètres qui peuvent aller de l’enfant né sourd à la personne âgée devenue sourde.

C’est pourquoi les sourds, et particulièrement l’UNISDA (Union Nationale pour l’Insertion Sociale du Déficient Auditif) se sont battus pendant des années pour obtenir un accès à l’information télévisée non seulement via les sous-titres mais surtout grâce à la présence d’interprètes en langue des signes afin d’avoir un accès quotidien à l’information.

Passerelle entre deux communautés, l’interprète en LSF devient alors une clé pour que chaque sourd puisse être librement un citoyen à part entière.



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