Voici un extrait du livre de Rachel Carson « Printemps silencieux ».Rachel Carson est une biologiste marine, saluée par le Times comme « l'une des femmes les plus influentes du XXe siècle. »Al Gore dit de son livre « Printemps silencieux », qu’il est « l’acte de naissance du mouvement écologiste ».Ce livre écrit en 1962, vendu a plus de 2 000 000 d’exemplaires et traduit en 16 langues, est plus que jamais d’actualité, 50 ans après son écriture.Il étudie l’impact des pesticides sur la planète et le présente de manière claire et facilement accessible par tous.On ne peut pas rester insensible aux descriptions poignantes d’oiseaux morts ou agonisants par centaines suites à la pulvérisation massive de DDT.Tout écologiste se doit d'avoir lu ce livre. Depuis longtemps épuisé, il vient de ressortir en version semi-poche cette année.
Plutôt que de vous proposer un extrait des descriptions, d’une horreur parfois insoutenable, des dégâts faits par les pesticides, je préfère vous proposer un extrait plus optimiste sur la lutte biologique :
« Les insectes possèdent de nombreux ennemis naturels, au premier rang desquels figurent leurs congénères.C’est Erasmus Darwin (le grand-père de Charles) qui, le premier, vers 1800, a eu l’idée de faire périr un insecte en encourageant ses ennemis. […]Les premières utilisations de méthodes biologiques aux Etats-Unis remontent à 1888, époque à laquelle Albert Koebele, l’un des pionniers de l’armée toujours croissante des entomologistes explorateurs, s’est rendu en Australie pour rechercher les ennemis naturels de l’insecte qui menaçait l’industrie des agrumes en Californie. Nous avons déjà mentionné le brillant succès de cette mission, qui a conduit à rechercher dans le monde entier les ennemis naturels d’autres insectes entrés sans invitation aux Etats-Unis.[…]Partout, la méthode biologique a montré sa supériorité sur les offensives chimiques : elle est meilleur marché, ses effets sont durables, et elle ne laisse pas de résidus toxiques. Malgré cela, on ne s’y intéresse pas assez ; la Californie est pratiquement le seul Etat à avoir organisé la lutte biologique ; de nombreuses provinces n’emploient pas un seul entomologiste à plein temps pour défricher ce domaine. Il s’ensuit que le travail n’est pas toujours mené avec le sérieux scientifique désirable ; par exemple, l’étude très instructive des conséquences de l’emploi de la méthode biologique sur les populations de prédateurs a rarement été menée jusqu’à son terme, et les lâchers n’ont pas toujours été calculés avec la précision nécessaire au succès.
Prédateurs et proies ne sont pas seuls au monde ; ils font partie d’une trame de vie dont tous les fils doivent être pris en considération. C’est pourquoi les méthodes biologiques présentent peut-être un plus grand intérêt dans les forêts que dans les champs où l’agriculture moderne revêt un aspect très artificiel, fort éloigné de ce qu’avait conçu la nature.Pour les forestiers des Etats-Unis, la méthode biologique paraît se réduire à l’introduction d’insectes parasites et prédateurs. Les Canadiens ont des vues plus larges, et certains Européens, montrant plus de clairvoyance encore, ont développé la science de l’hygiène forestière à un point étonnant. Les forestiers d’Europe considèrent que les oiseaux, les fourmis, les araignées et les bactéries de l’humus font partie de la forêt au même titre que les arbres, et possèdent un rôle protecteur qu’il faut les aider à jouer. Le repeuplement en oiseaux est l’une des premières mesures à prendre. Les méthodes modernes d’exploitation des forêts ont fait disparaître les vieux arbres creux – et donc les maisons des piverts et de toutes les espèces qui nichent dans ces cavités végétales ; nous devons y remédier en installant dans les arbres des boîtes susceptibles de servir de nids. D’autres boîtes étudiées pour abriter les hiboux et les chauves-souris sont également nécessaires, pour que les destructions d’insectes opérées en plein jour par les petits oiseaux se poursuivent la nuit. »