Free culture Film – présentation

Publié le 03 septembre 2011 par Monartiste

Bonjour,

Ce message est très important pour moi. La présentation du synopsis du livre sur lequel je travaille, représente à la fois pour moi la première étape d’une nouvelle aventure et l’aboutissement de plusieurs mois de travail (une satisfaction même s’il me reste beaucoup de travail). Ces premières lignes sont le résultat d’une aventure personnelle très forte et la volonté de mettre en lumière toute une génération de cinéastes, qui par leur ingéniosité réussissent à continuer faire du cinéma un art et non pas un divertissement.

Voici l'avenir du cinéma...Ed Helms dans Very bad Trip 2. Warner Bros

Il est temps de trouver d’autres solutions et de donner la pleine puissance à internet.

« Rien de ce qui valait avant ne vaut aujourd’hui, les règles du jeu ont changé… »

Les internautes sont des citoyens et notre public. Ils ne sont pas nos ennemis,  ils n’ont pas changé ce sont toujours les mêmes qui souhaitent profiter d’un bon film, mais d’une manière différente

Nous ne devons pas avoir peur de l’internet, parce que tout simplement c’est ce qui sauvera le cinéma

Nous gagnerons dans le futur, si nous prenons notre destin en main

Cette crise nous permet de mieux comprendre le marché du film. Nous ne devons pas oublier nos droits mais également nos devoirs… »

Ces mots ont été prononcés sans provoquer une certaine polémique par Alex de la iglesia, le président de l’académie, à la remise des Goya. A l’heure, où les pouvoirs publics diabolisent le téléchargement et s’acharne à défendre coûte que coûte un modèle économique essentiellement basé sur le contrôle de la copie des oeuvres après leur publication, tout en sachant pertinent que ces mesures insuffisantes et peu efficace ne sauveront en aucun cas une industrie en perte de vitesse.

Un tel système ne peut se maintenir qu’au prix d’un durcissement des lois et qui non seulement menace l’exercice des libertés publiques, mais va à l’encontre de l’essence même du cinéma, comme l’a rappelé Alex de la Iglesia.

Il faut sortir des débats idéologiques sur le gratuit et tout ce qui a pu être lié aux notions de vols et de piratages, qui ont pervertis la recherche de vraies solutions intéressantes pour tout le monde, créateurs comme consommateur. Nous connaissons une évolution socio-culturelle alimentée par les innovations technologiques comme rarement nous avons connu dans toute notre histoire. A dire vrai, ce qui a changé la donne n’est pas tant l’apparition de services et produits nouveaux (le 20e siècle a été aussi riche en innovations) mais l’ampleur de leur succès et leur vitesse de propagation. Nous basculons dans un environnement numérique, où nous sommes connectés 24 /24 H. Nous ne pouvons reprocher aux internautes de s’approprier, ce qu’il a disposition et à une portée de clic. Internet est partout, le terrain de jeux a changé, les règles doivent changer, nous avons encore la possibilité d’inviter les consommateurs à accepter les nôtres en les impliquant et non en leur imposant des lois liberticides. Nous ne pouvons continuer à  les voir comme des criminels parce qu’ils jouissent de leur capacité de partager et de copier. La vraie question est de savoir si nous sommes prêts à assumer notre volonté de liberté, à remettre en question le modèle classique de production et de diffusion du cinéma pour trouver l’indépendance aux côtés de notre public.

Il ne s’agit déjà plus de lutter contre Hadopi, son inutilité et plus grave l’atteinte aux libertés individuelles que représentait la loi création et internet a été mis au grand jour par l’Union Européenne. Mais il s’agit d’embrasser le changement et trouver d’autres modèles économiques. Depuis deux ans, nous assistons au développement exponentiel de solutions alternatives de financement et de diffusion s’appuyant sur le public, que cela soit le crowdfunding, les communautés créatives et collaboratives ou l’utilisation des licences Creatives Commons. Mon objectif est de mettre en évidence l’émergence de toute une génération qui n’hésite pas à bousculer le système préétabli pour pouvoir créer. J’ai envie de montrer, qu’il est, à l’ère du numérique, possible et même plus que jamais, d’être créatif et d’innover, si l’on accepte qu’il ne suffit plus uniquement de vouloir raconter une histoire unique d’une manière unique, mais qu’il faut aussi accepter d’aller chercher le spectateur. Aujourd’hui, si un réalisateur souhaite faire le film qu’il veut et être révolutionnaire, il doit assumer la responsabilité du projet de A à Z, de la production à la distribution, ce qui ne signifie pas pour autant qu’il doit tout faire tout seul, mais qu’il doit avoir non seulement une vision artistique de ce qu’il veut faire, mais aussi la manière dont il veut le faire et la manière dont il veut qu’elle soit diffusée. Enfin envie de donner la parole et mettre en lumière ceux qui oeuvrent concrètement pour l’apparition d’un vrai cinéma indépendant et d’une culture libre et diversifiée profitable aux cinéphiles, que nous sommes.

Comme toute nouvelle lumière, elle est encore vacillante et fragile. Ce nouveau courant est soumis à des forces contraires allergiques au changement en provenance des grands studios et distributeurs hollywoodiens) qui n’acceptent pas que l’on vienne jouer sur leur territoire. Ses acteurs clés tentent explorent, expriment des besoins, connaissent des réussites ou sont victimes de désillusion. Pourtant il est vital que le cinéma indépendant réussissent à s’adapter et puissent se réinventer loin de l’industrie. Les plus grandes victimes de la crise financière ne sont évidemment pas ceux qui appellent à plus de fermeté et voient en la répression la solution, ce sont les plus fragiles, les jeunes cinéastes et les circuits de distribution de cinéma indépendant, qui ont pris de plein fouet les restrictions budgétaires. C’est la création qui en pâtit, les studios américains se concentrent sur ce qu’ils considèrent comme des valeurs sûrs les  » tentpoles « , dont les fameux Blockbusters. Cette crise a eu le mérite de faire prendre conscience à de nombreux cinéastes, que l’industrie du cinéma va dans la mauvaise direction et que le si le cinéma indépendant souhaite continuer à exister, il est temps de se responsabiliser et de se rappeler des raisons qui amènent tout cinéaste à faire un film, la volonté d’émerveiller son public. Ce nouvel appel a été courageusement porté par Alex de la Iglesia lors de la cérémonie des Goya en 2011.

J’ai donc souhaité, après avoir passé 6 mois avec les jeunes membres de la maison de production madrilène Riot Cinéma Collective, à l’origine du projet de long métrage  El cosmonauta » pouvoir mettre en lumière ce mouvement et participer à leur reconnaissance. J’en ai profité pour revenir sur l’origine de ce mouvement, montré que la réussite d’un projet tel que celui de Riot Cinéma Collective, n’est pas un cas isolé, il ne s’agit pas seulement d’une nouvelle page, mais bien l’émergence d’un nouveau cinéma indépendant porté par cette nouvelle vague. Ainsi l’objectif est autant de présenter ce nouveau mouvement, que d’accompagner les jeunes cinéastes dans cette nouvelle voie, de leur donner les clefs, leur apporter les outils utiles pour continuer à être créatif en toute liberté et en cohésion avec son public. Pour conclure, je tiens à rappeler également que ce livre ne s’adresse pas uniquement aux professionnels du cinéma, bien au contraire. Ils n’y arriveront justement pas sans nous. A nous de savoir ce que nous souhaitons voir sur nos écrans. Si l’on souhaite continuer à voir le cinéma comme le 7e art et non comme un divertissement, nous ne pouvons rester à l’écart. C’est aussi notre cinéma.

(….)