“Inscrite dans le Code de l’éducation, l’éducation à la sexualité doit avant tout reposer sur une démarche éducative qui répond à la fois à des questions de santé publique et à des problématiques concernant les relations entre garçons et filles non à des théories fumeuses.” Extrait de la lettre des 80 députés de la majorité adressée au ministre de l’Education
Privatiser totalement l’éducation relève de la pure chimère. S. Sihr de SNUIPP-FSU relevait au micro de France Inter que même les pays les plus en pointe sur la dérégulation ne s’y sont pas essayés. Trop couteux surement, mais surtout d’une complexité logistique que seule une administration dont la vocation est le bien commun peut supporter. Il est nécessaire de garder un système dual, dans la perspective de cranter les niveaux d’instructions. Et ainsi d’ouvrir des brèches pouvant servir le marché de niche de l’éducation privée. Mais au-delà de ces aspects de pur marketing, les lobbies n’abdiquent pas. La sous-traitance idéologique qu’elle soit d’ordre économique ou sociale s’avère pleinement envisageable dans une structure de service public. Les controverses récurrentes sur les manuels scolaires en donnent un édifiant aperçu.
Deux enseignantes dont une se qualifie d’athée et d’ancienne socialiste, fustigent la théorie du genre dans les manuels scolaires de SVT, l’une d’elles estime « (qu’)enseigner la théorie des genres revient à remettre en cause Darwin et à enseigner le créationnisme ». G. Clerc journaliste militant catholique décrit cette approche comme “d’imposer une idéologie fabriquée aux États-Unis et dont le caractère philosophique, militant, voire intrusif, est patent.” Une lettre de 80 députés de la majorité adressée au ministre de l’éducation “alerte” le ministre sur les pratiques de certaines formes de sexualité. Ce qui horripile ces députés soutenus par les théoriciens vaticanistes, est que le conditionnement social puisse influer sur le sexe. En l’occurrence, qu’une inadéquation de genre puisse exister entre le sexe biologique et le sexe social. Bien que ne citant pas la théorie du genre sexuel, le manuel Hachette par exemple l’évoque de façon tacite : “Le mineur (de 15 à 18 ans) est libre de ses orientations sexuelles, c’est-à-dire qu’il peut avoir des relations sexuelles soit avec un homme soit avec une femme”. En introduisant une transdisciplinarité sociale, on approche un peu plus le réel, dans sa complexité et sa diversité. Approche perçue d’un très mauvais œil par une partie du corps social conservateur. Pour qui la simplicité tient lieu de compréhension…
Que cela soit pour modifier, amender, enrichir les programmes scolaires, il est patent (ici aussi) de constater que l’école sert de miroir aux tensions de la société. Et certaines fois de prétexte pour affirmer son idéologie. Quand il a fallu stigmatiser la religion musulmane, on a pointé le sanctuaire éducatif pour contraindre à la “laïcité”. Quand il faut normaliser les inégalités sociales, on trouve plus commode de positiver les bienfaits du management. Quand il est préférable de nier l’existence d’un sexe social, à défaut de l’agonir, on préfère le cantonner aux aspects strictement biologiques. Faute de démanteler l’école publique, les potentats qui dominent la cité aimeraient l’asservir pour qu’elle corrobore leurs thèses. Une manière de sous-traiter leurs théories par le secteur public.
Vogelsong – 5 septembre 2011 – Paris