Si l’UMP pensait lancer sa campagne présidentielle ce week-end, c’est raté. Tout au long du week-end ses membres réunis à Marseille ont dû répondre aux questions des journalistes, non pas sur leur programme, mais sur la santé de Jacques Chirac et le retour de Dominique Strauss-Kahn. Pour comble de malheur, il s’est trouvé un Marleix pour rappeler de mauvais souvenirs : son Coréen national valait bien les Auvergnats d’Hortefeux ou les attaques de Fillon (à la traîne de Marine Le Pen dans cette affaire) sur la double nationalité d’Eva Joly.
Les commentateurs ont un peu corrigé les choses le lendemain en insistant lourdement sur les difficultés que le retour de DSK créeraient au sein du PS. Difficultés pour l’heure invisibles. S’il est vrai que l’évocation de son retour en politique met tout le monde un peu mal à l’aise, on ne voit pas que les électeurs en tiennent rigueur au PS. Dans les sondages, les scores de François Hollande ressemblent à ceux que faisait DSK avant sa mésaventure new-yorkaise.
Il n’est pas certain, d’ailleurs, que ce retour soit une bonne nouvelle pour l’UMP. DSK va parler. Il va probablement s’excuser, nous dire combien il regrette, nous assurer de son innocence (mais aussi de sa bêtise). Avec un peu de chance et (beaucoup) de talent, il peut, sans en dire un mot mais de manière subliminale, remettre en selle la thèse du complot qui a pris consistance ces dernières semaines. Si le procureur américain a retiré son accusation c’est, comme on le dit en permanence, parce que la présumée victime a beaucoup menti, mais c’est aussi, on ne le souligne pas toujours, du fait de l’absence de preuves matérielles. C’est vraiment parole contre parole. Or, la brutalité du procureur dans les premières heures, le comportement du Sofitel, la manière dont les autorités ont été averties, le rôle d’Atlantico dans la diffusion de la nouvelle, peuvent laisser planer un doute. On n’aura certainement pas de preuve, mais le soupçon de manipulation peut gagner en crédibilité et s'imposer dans l’opinion. Il le fera d’autant plus facilement que l’affaire du Monde, les attaques contre Martine Aubry nous ont montré, ces dernières semaines, que l’Elysée et ses proches savaient ne reculer devant rien lorsque leurs intérêts sont en jeu. S’il réussit cela, DSK aura aidé ses camarades socialistes dans cette campagne et remboursé une partie de sa dette à leur égard.