Carolina Daveau, avec son mari, a retrouvé la trace de ses parents biologiques au Chili
Du Chili, Carolina n’a gardé qu’un prénom à consonance hispanique et de vieux papiers d’identité hors d’âge sur lesquels est mentionné son nom de Chilienne : Carrasco Muñoz. Ce nom, elle ne l’a plus utilisé depuis près de vingt-huit ans. A deux ans, Carolina a été adoptée, avec sa sœur, par une famille française. Daveau, c’est le nom que porte cette trentenaire déracinée.
C’est en 1983 que les deux sœurs ont été adoptées, après avoir été « matériellement et moralement abandonnées », selon les documents officiels auxquels elle a eu accès : « La dictature, la pauvreté », tente d’excuser Carolina. Le contexte familial décri est alors très difficile. Une famille française les prend, elle et sa soeur, sous son aile. Elles partent pour l’hexagone, s’installent en Dordogne. Et ne reverront plus le Chili. De son pays d’origine, Carolina n’a ni la culture ni même la langue. Mais, durant toutes ces années, elle n’a pas pu oublier ses racines. Et ses parents, adoptifs, ne lui ont jamais caché la vérité. Alors, il y a cinq ans, elle décide de rechercher ceux dont elle a perdu la trace.
Aidée par son mari, elle contacte les autorités chiliennes. Avec un espagnol rudimentaire. « J’ai été orientée vers une cellule spéciale de la police qui aide les gens séparés pendant la dictature à se retrouver », explique-t-elle. Commence alors un long cheminement, émaillé de coups de fils à répétition, de messages… Même Interpol s’en mêle. « Et d’un seul coup, plus de nouvelle. » Jusqu’à un mail, il y a dix-huit mois, de la police de Santiago : « Nous avons retrouvé votre famille. » Tout s’emballe : ses deux parents biologiques sont vivants. Elle a même quatre frères. Ils vivent à Curicó, à 200 km au sud de Santiago.
La pièce d'identité de Carolina Carrasco Muñoz, avant qu'elle ne devienne Daveau
Maintenant, elle souhaite les revoir. La police n’a pas le droit de transmettre les coordonnées, tant qu’il n’y a pas eu un contact physique. Carolina doit donc se rendre sur place. Sur le net, elle a lancé un appel aux dons pour financer ce voyage qu’elle ne peut pas se payer. Avec son époux, ils ont créé une page sur Facebook (Retrouvailles Chili) et mis en place un système sécurisé pour les dons via le web. En vain. A peine 30 € récoltés. L’une des chaines les plus regardées du Chili, Canal 13, veut suivre les retrouvailles et se dit, selon Carolina, prête à apporter un soutien financier au projet. « Nous envisageons de constituer une association, de monter un concert avec des artistes que nous connaissons pour récolter des fonds. Et, cette association pourrait ensuite accompagner d’autres Chiliens qui ont été séparés de leurs proches. » Au vu de l’avancée de leur propre rapprochement, cela ne demeure, pour l’instant, qu’un vœu pieux.