L’amour ça tient parfois à une chèvre

Par Unebordelaiseflane
Faut que je vous parle de l’amour est dans le pré (oui, comme ça, je décide de faire régresser mon blog)… Je vomis ce genre d’émissions habituellement, néanmoins, après une nuit de folie qui s’est terminée au petit jour avec les restes de pâtes à la carbo à 6h du mat (faut changer des frites), dimanche, je n’étais bonne qu’à comater devant la télé avec un litre de coca.
A la base, je trouve le concept absolument dégueulasse, triste et méchant. Prendre des gens un peu limités ou bizarres ou moches ou stupides (parfois ça se cumule d’ailleurs et cette année c’est juste incroyable), desespérés et prêts à se ridiculiser – sans le savoir- histoire de rencontrer l’amour, et leur promettre l’espoir d’une vie nouvelle? C’est comme un inconnu qui vous offre un bonbon en échange de rien de tout: c’est malhonnête!
Dans la perversité du voyeurisme actuel, j’ai l’impression que l’on se réjouit de pouvoir dire que l’autre n’est qu’un idiot et qu’il mérite sa souffrance; peut être parce que snobisme oblige, parce que le français et l’histoire sont souvent revisités de manière inquiétante dans leurs bouches, parce que certains pourraient faire le spectacle au cirque ou parce que la ferme est le comble de la bofattitude…. Bref, parce qu’on n’a jamais vu une fermière devenir une it girl!
Je me disais donc que, cette émission, ça allait sentir la médiocrité ; le fumier, à côté, ce serait limite du Chanel en flacon (je parle de la production, pas des gens).
Pourtant, avec notre inconscient collectif et nos angoisses existentielles, on affectionne secrètement ces histoires de cendrillons et de bossus vivant dans le crottin mais finissant par trouver l’amour – à se rouler dans la paille pleine de pucerons (au mieux!). Alors, je l’avoue, après un premier coup d’oeil, j’ai décidé de regarder « L’amour est dans le pré » en ce lundi soir de rentrée.
Puis là, pendant que j’écris et que l’émission avance, y a un homme qui se pointe avec une chèvre à la porte de sa dulcinée. Un homme qui a juste voulu faire plaisir. Un homme qui se fout du ridicule. Un homme qui aime simplement et qui est tout content d’être aimé en retour. Un homme qui se laisse aller à être heureux, sans artifices.
On voit ensuite une femme, sans voix devant un truc insignifiant (P* »* »* »* une chèvre!!!!). Amoureuse et heureuse de sentir sur elle un regard langoureux dont elle a certainement été privée pendant de longues années – et je ne parle pas du regard de la chèvre qui s’inquiète d’être à 1m50 du sol.
(et j’en passe).
Finalement, M6 en proposant une émission pourrie – faut rester honnête – laisse filtrer de brefs moments de beau, de sincère et de vrai. J’en arrive d’ailleurs à me dire que mes exigences, mon insatisfaction du suffisant et du simple, mes désirs de grands et d’autres choses, mes pensées parfois méprisantes sur certains candidats n’ayant bien probablement jamais ouvert un bouquin (Closer ou comment planter les choux en 3 leçons n’étant pas des bouquins), c’est un peu un conditionnement de petite bourgeoise (deux claques!).
Alors même si je ne compte pas suivre ces aventures, que je n’applaudis pas cette vie de téléréalité,  je n’ai pas honte de penser que le bonheur de leur amour a un petit côté magique, même quand les 3/4 des phrases sont d’une justesse douteuse.
Puis comme le dit si bien Boris Vian : « Mieux vaudrait apprendre à faire l’amour correctement que de s’abrutir sur un livre d’histoire » !