Il y a déjà 10 ans, la première solution de paiement mobile par Carte Bancaire était lancée en France par les trois opérateurs mobiles et le GIE Cartes Bancaires.
Mais avant de raconter cette épopée, rappelons le contexte.
A l'époque, la fraude carte bancaire commençait à augmenter en vente à distance. Le chèque commençait sa forte décroissance. Orange était un concurrent d'Itinéris, le CCF (banque très innovante) était Suisse, les paiements kiosques n'existaient pas encore sur le mobile, wHA démarrait ses activités, Paypal n'avait pas encore rencontré eBay, DSK était Ministre et avait trouvé le projet intéressant, la guerre des porte-monnaies électroniques sévissait dans notre beau pays "Modeus contre Moneo", on parlait d'enchères 3G, le wallet Crandy allait arriver, la cybermonnaie (Cybercash, etc) défrayait la chronique, Jean Michel Billaut était dans son Atelier, etc.
En 2001, les mobiles ont des écrans noir et blanc et accèdent à l'internet mais seulement sur des sites dédiés (le fameux WAP). Le minitel est encore vivant, et fait figure d'écran plasma à côté des écrans de mobile.
Côté contexte, la carte à puce est partout et la carte bancaire trouve des lecteurs dans les publiphones, les décodeurs canal sat, les set top box des cablo-opérateurs, les minitels (Magis), etc. C'est donc naturellement en France qu'on imagine un lecteur de carte dans les mobiles et dans les PC pour sécuriser les transactions (lecteur CyberCom sponsorisé par les banques). En fait c'est Motorola qui pour trouver un débouché à son célèbre StarTac (inspiré de Star Trek) en fin de vie, transforme un inconvénient en avantage : deux formats de SIM co-existent à cette époque au niveau mondial, celui de la taille d'une carte bancaire et celui des SIM actuelles. Du coup son StarTac possèdent deux emplacements SIM (deux slots, d'où le terme de dual slot ou bi-fente), comme l'Europe est déjà passée au format mini SIM, le second slot est libre pour accueillir la CB.
Je passe sur les péripéties de tout projet de ce type et au bout de 18 mois : 600 000 mobiles ont été diffusés, et pourtant le produit s'arrête.
Il y aurait beaucoup à écrire sur l'arrêt d'une solution qui pourtant était optimale en terme technique et en terme de barycentre entre les banques et les opérateurs. A titre personnel, je retiendrai, pour faire court, qu'à l'époque les opérateurs étaient quelque peu diabolisés et que les banques avaient priorisé le lecteur PC (Cybercom). Par ailleurs, les conséquences techniques de l'affaire Humpich, à savoir un changement de clés nécessitant un changement des SIM, n'était pas prévisible (un cygne noir comme diraient les anglo-saxons). On en retiendra surtout que la sécurité est autant une affaire d'ingénieurs que de communication.
Avec la fin des lecteurs puces dans les mobiles, mais aussi dans les décodeurs, etc, un boulevard s'est ouvert pour les wallets.
On ne peut donc que vivement souhaiter l'avènement du NFC pour rétablir le rôle de la carte à puce.