Un match de la peur. Rien de moins. En ouverture du fameux Boxing Day, Fulham, 17e au classement, avait convié son voisin West Ham à en découdre. Claquant des dents avant le coup d'envoi, les Hammers sont repartis souriants de Craven Cottage. Vainqueurs 3-1 d'un derby londonien au scénario plus que louche, les potes à Fred Piquionne quittent l'habit du bon dernier, grimpent à la 19e place et tirent les Cottagers dans la zone rouge. Bienvenue dans les bas fond de la Premier League. Un endroit flippant qui pue la sueur, où l'on croit encore au Père Noël, et où le talent n'est jamais invité.
Le nombre de buts marqués n'est pas le signe d'un jeu de qualité. Ce Fulham - West Ham est là pour le prouver. Là où n'importe quel Footix sauterait au plafond et crierait au spectacle, nous restons lucides. Et à en juger par la faiblesse affichée, les deux clubs mal classés méritent leur place. Les deux défenses ont rivalisé de maladresse. 4 offrandes, 4 buts. Manquait juste le sapin. Et dans cette course effrénée à la générosité, ce sont les hommes de Mark Hugues qui ont décroché le pompon. Normal, nous direz-vous, ils invitaient. Il n'a d'ailleurs pas fallu attendre très longtemps pour voir les faiblesses techniques éclater au grand jour. 11ème minute : suite à un corner mal renvoyé par la défense de West Ham, Murphy écarte sur la gauche. Davies claque le centre parfait. Libre de tout marquage, A. Hughes coupe la trajectoire du centre millimétré et catapulte le cuir dans le panier. Hop la. 1-0.
S'ensuivent vingt bonnes minutes complètement à l'avantage des locaux. Fulham pose le jeu. Le ballon circule bien. Les passes arrivent. Murphy, Davies et Gera sont à la création. Seul l'attaquant Andy Johnson nous fait un peu pitié lorsqu'il rate ce caviar de Davies (18e). Les milieux s'infiltrent, les latéraux montent. Fulham est dans son match. Tout le contraire des Hammers, statiques et apathiques, tels une lanterne rouge. Même le journaliste y va de son analyse perso. " On est en train de retrouver le Fulham de la saison dernière¹" . Le mec n'a même pas fini sa phrase qu'Etuhu le fait mentir. Sa déviation d'un centre anodin trouve les pieds de Carlton Cole qui passait par là. Le Hammer chope le ballon et score (37e). Merci l'ami ! 1-1. Et revoilà West Ham. Le partie bascule quelques minutes plus tard lorsque Fred Piquionne, inexplicablement zappé par la défense de Fulham, reprend de volée un centre venant de la gauche pour un but plutôt classe et bien emballé. 1-2.
La seconde mi-temps se poursuivra sur le même ton. A défaut de se ruer à l'attaque, les Cottagers vont de l'avant. West Ham, lui, procède en contre. Dans le rôle du sauveur, Duff, entré après la pause, accélère le jeu de son équipe. A la différence de ceux de Salcido, ses centres arrivent in the box. Hélas, en ce moment, Mark Hugues ne dispose pas dans son effectif d'un attaquant digne de ce nom. Personne donc à tombée des innombrables longs ballons balancés sur les cages des Hammers. Dans le rôle du bourreau, Carlton Cole, le grand attaquant, est de tous les bons coups. Buteur dans le premier acte, il double la mise en profitant d'une nouvelle bévue adverse. Sur un long ballon, A. Hughes loupe son dégagement de la tête et transmet involontairement à l'attaquant anglais. 1-3.
L'équipe la plus en forme du moment l'a emporté. L'équipe la moins bête en fait. Fulham avait bien débuté mais a étrangement offert la victoire à son hôte du jour. Pas géniaux pour un sou, les Hammers ont profité de l'aubaine. Plus incisifs, plus décisifs et plus costauds, ces derniers ont prouvé à leur collègue du bas de tableau qu'ils n'étaient pas morts. Pas encore. A égalité de points, les deux clubs de Londres sont d'ores et déjà condamnés à lutter pour leur survie en Premier League. " Stand up if you still believe²" , est un chant couramment entonné par les supporters de Fulham. Y croire ? OK, mais à quoi ? Au maintien ou au Père Noël ?
¹ : En 2009-2010, Fulham s'est hissé en finale de la coupe de l'UEFA.
² : Lève-toi si t'y crois encore