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Le film d’horreur en mode parodique, et lorsqu’il est dépourvu de toute seconde lecture, possède des vertus cathartiques pour le moins séduisantes : éloigner le mal, se gausser de la mort, rire au nez des pires massacres. De tous, les opus Destination Finale demeurent les plus fun, nouveaux genres d’attraction horrifique, grand-huit de la peur. Pour ce cinquième volet, qui au vue d’une clôture ludique vient boucler la boucle, Steven Quale est aux commandes. Superviseur des effets visuels chez l’Avatar de Cameron, le bonhomme s’y connaît pas mal en 3D, et réussit haut la main le challenge du gore en trois dimensions, ou comment le sang vous gicle presque au visage. Dès le générique (travaillé) et le rituel imposé d’une spectaculaire première demi-heure (impressionnante séquence de l’effondrement d’un pont), le visuel vaut le détour. Pourtant, en dix ans, la série n’a pas renouvelé son concept : il y a d’un côté toujours un groupe d’étudiants miraculeusement rescapés d’une monstrueuse catastrophe (on retrouve ici une Emma Bell bizarrement amorphe depuis The Walking Dead et le falot Nicholas D’agosto) ; toujours, de l’autre, la Grande Faucheuse, ennemi invisible, qui vient les cueillir un à un.
L’occasion pour les scénaristes de redoubler de sadisme et de suspense dans l’exécution méthodiques des morts : visite qui tourne mal chez l’ophtalmo, ou entraînement de gymnastique qui finit en carnage. La Mort est partout, dans chaque détail, à chaque coin de rue, et le moindre objet devient une possible source d’horreur. Ces clés de Damoclès, suspendues sur les protagonistes et les spectateurs, permettent au cinéaste de fouiller à fond son décor, et d’y inscrire- au cœur d’un machiavélisme réjouissant (parce que constamment surprenant)- la paradoxale présence d’un slasher désincarné. Pour un cinquième tour de manège, où chacun sait à quoi il est condamné, c’est plutôt pas mal.