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Ma rentrée littéraire. Le ravissement de Britney Spears.

Par Mysenseoftaste

J’ai choisi ce roman tout simplement parce que l’action se passe… à L.A.

Ma rentrée littéraire. Le ravissement de Britney Spears.
Alors, après en avoir parcouru quelques pages, et après avoir écouté les Matins de France Culture – spécial rentrée littéraire – vendredi dernier, où l’auteur en était l’invité d’honneur, je suis à même de vous en parler.

Jean Rolin est d’ordinaire identifié comme un écrivain voyageur. Cet ancien reporter, qui utilise les méthodes de l’enquête, de la filature, et une écriture plutôt neutre, a choisi de parler de Britney Spears parce qu’elle illustre aujourd’hui l’industrie de la musique et qu’elle est l’une des composantes les plus importantes du monde dans lequel on vit.

La première chose qui m’a frappé à sa lecture, c’est son schéma inversé, celui dont le récit se cale sur la réalité, à défaut d’être un roman dont on pourrait en tirer une adaptation.

Il pourrait se résumer ainsi : Un agent secret – le narrateur- semble avoir été mis de côté par ses services à Los Angeles, précipitamment, alors qu’il était déjà au Tadjikistan, afin qu’il suive les déambulations de Britney Spears, qui serait menacée d’enlevement par un groupe de terroristes. On y croise Katy Perry, Lindsay Lohan, l’agence X17, des paparazzi et surtout : La Cienega Blvd, Topenga Canyon, des motels, la côte californienne, Sunset Blvd…

Le hic, c’est qu’il ne sait pas conduire, et parcourt donc la ville à pieds : bizarre d’envoyer un tel agent sur place.

Sinon, j’ai bien aimé sa prudence délicate, à l’instar de Houellebecq, de citer des définitions de Wikipédia tout en en citant la source.

Par ailleurs, il semblerait que Fuck, un paparazzo frenchy, soit très partiellement inspiré d’un personnage réel. François Navarre ? Le fondateur de la première agence de paparazzi américaine, x17, natif de France et sorti de Normale sup, puis du quotidien Le Monde ou de Paris Match avant de s’installer à Pacific Palisades ?

Il me parait opportun ici de rappeler que le 1er amendement de la Constitution américaine est le garant de la liberté – totale – de la presse, de sorte que le Congrès a interdiction de la limiter. La régle est simple : dès qu’une personne est dans un espace public, on peut la photographier.
Tandis qu’en France, la loi de 1881 et le Code civil consacrent la primauté des libertés individuelles (droit de la personnalité / droit à l’image) sur la liberté de la presse. Ainsi, si une personne n’a pas donné son autorisation pour voir sa photo publiée : une sanction est prévue. A moins qu’elle participe à un évement public, officiel. Il en est de même si la presse évoque des éléments de sa vie privée alors qu’elle ne les a pas précédemment révélés.

Je citerais, pour conclure, un extrait de l’excellente chronique de Brice Couturier, entendue au micro de l’émission de radio précitée : “Ce que nous dit ce livre, c’est que l’histoire a été remplacée par l’actualité des celebs. Leur actualités ne sont même plus leurs disques, qu’on télécharge à peine. Ni leurs films ou leurs vidéos puisqu’ils y sont métamorphosés en créatures virtuelles. Leurs actualités ? Ce sont leurs achats compulsifs de fringues griffées, leurs comas éthyliques, leurs cures de désintox, leurs coucheries sans grace.
Les nouveaux lieux de mémoire ? Ce sont leurs restaurants, où telle star a été vue sans culotte, ce bar où une célèb s’est arrêtée plusieurs fois pour faire pipi, la chambre sordide où Jim Morrison est censé avoir dormi il y a quarante ans.”

Il fait ensuite référence aux théories écrites sur la post-histoire, de Philippe Muray : “Notre époque est celle où le concret a cédé comme un plancher qui s’écroule. Oui, le réel se dérobe et tout est mis en scène, même les photos volées qui sont souvent des set-up arrangés avec l’accord des people eux-mêmes.” A juste titre, je trouve.



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