Le risque lié au crédit est la menace la plus sévère
Le rapport a été commandé par Citi Microfinance et le Groupe Consultatif d’Assistance aux Pauvres (CGAP). La conclusion essentielle de l’enquête est que le risque lié au crédit constitue la menace la plus sévère pour le secteur durant cette période turbulente. L’intensification des inquiétudes concernant le risque menaçant la réputation de la microfinance (qui passe du 17e rang au 2e rang) reflète directement l’opinion selon laquelle les IMF se sont exposées elles-mêmes au risque lié au crédit en raison de leurs pratiques agressives du crédit et de leur stratégie de croissance.
Les différences les plus importantes en 2010 par rapport à 2009 :
En hausse
- La réputation : la bonne réputation de la microfinance est de plus en plus menacée
- La concurrence : elle menace le chiffre d’affaires et mine les normes déontologiques
- La gouvernance des institutions : elle montre des signes de faiblesse durant la crise
- L’ingérence politique : les autorités réagissent aux pratiques de prêt des IMF
- La réglementation inappropriée : l’absence d’un environnement salutaire pour les IMF
En baisse
- Le risque macroéconomique : moins d’inquiétudes au sujet de la crise mondiale
- Liquidité : le manque de liquidité est moins sévère
- L’insuffisance du financement : les investisseurs reviennent sur le marché
- Le risque de change : la « guerre des devises » n’est plus un souci majeur
- Les taux d'intérêt : ils sont plus faibles et moins volatils
Un rapport qui témoigne des mutations de la microfinance
Ce rapport a été salué par à la fois par le Centre for Study of Financial Innovation, Citi Microfinance et le Groupe Conseultatif d'Assistance aux Pauvres pour le tournant qu'il indique dans la perception de la microfinance par ses acteurs. La crise économique a montré que la microfinance n'était pas un remède infaillible à la pauvreté. Un palier a donc été franchi. Pour le CSFI, c'est "la fin du conte de fée".
Andrew Hilton, Directeur du Centre for the Study of Financial Innovation (CSFI) : "j’estime qu’il s’agit, et de loin, de la plus intéressante et de la plus importante enquête de la série. La raison est simple : jusqu'à une époque très récente, c’est tout juste si l’on entendait un murmure à l’encontre de la microfinance. La microfinance était considérée, par les gouvernements, les universitaires et, de plus en plus, par le grand public, comme un bienfait public parfait en tout point, et son image publique la plus connue, le Dr Mohammed Yunus, fondateur de la Banque Grameen, avait fort justement vu le Prix Nobel récompenser son œuvre. Le seul problème était un problème d’échelle. Comment l’approche « ascendante » de la microfinance (qui s’appuie sur l’octroi de prêts minuscules aux pauvres vivant dans de petits villages ou de petits quartiers) pouvait-elle être reproduite à une échelle suffisante pour aboutir à une réduction significative du problème mondial de la pauvreté ?"
Robert Annibale, Directeur mondial de Citi Microfinance, et Tilman Ehrbeck, PDG du Groupe Consultatif d’Assistance aux Pauvres (CGAP), soulignent également l'importance de ce rapport : "la troisième édition du rapport sur les Peaux de banane de la microfinance reflète la mutation de la perception des risques dans une industrie marquée par le dynamisme et la rapidité d’évolution. Le rapport de cette année indique que la microfinance a mûri et que cette nouvelle phase a suscité de nouvelles questions. Dans un nombre croissant de marchés, la rapidité de son rythme de croissance et d’expansion signifie que la microfinance doit désormais faire face aux pressions observées dans d’autres secteurs, et qui sont induites par la concurrence, les cycles du crédit et la consolidation".
Lire le rapport "Microfinance Peaux de Banane 2011" (clic droit et ouvrir dans un nouvel onglet).