Je sais que les conditions de cette rentrée sont difficiles. Jamais l'école de la République n'a été à ce point maltraitée
par les pouvoirs publics et dénigrée par les plus hautes autorités de l'Etat.
En termes de moyens d'abord, avec la réduction massive et indistincte des postes, avec la suppression de la formation des
enseignants, avec des rythmes scolaires inadaptés et avec l'affaiblissement de l'accueil pour les élèves handicapés.
En termes d'esprit, les attaques et les moqueries contre la culture et les humanités, l'approche purement comptable des
réalités scolaires, le mépris des fonctionnaires, les atteintes à la laïcité, autant de mises en cause insupportables à notre Education nationale. Ces attaques justifient que je vous dise avec
d'autant plus de force, des paroles de conviction, d'amitié et d'espérance; cette situation ne saurait durer et elle ne durera pas.
La République, en France, s'est construite autour et par son école. Lorsque l'école est abîmée, c'est la République toute
entière qui est blessée.
C'est pourquoi je ne me satisfais pas et je n'accepte pas que l'on parle de l'école seulement quelques jours par an, à
l'occasion de la rentrée, et que l'on en parle comme d'une affaire réservée : il faut en parler tout le temps, et en parler avec tout le pays.
C'est pourquoi aussi, au-delà des mesures d'urgence nécessaires que la gauche devra prendre dès son arrivée aux
responsabilités, mettre fin à cette hémorragie des postes, rétablir sans attendre la formation des enseignants, être capable d'accueillir les plus jeunes, je veux, pour construire la France de
demain, passer un nouveau contrat entre l'école et la nation. J'en prends l'engagement.
Depuis le début du long chemin que j'ai entrepris, je n'ai de cesse de répéter que notre pays doit accorder sa priorité à la
jeunesse: à la jeunesse, c'est-à-dire à l'éducation.
Ce n'est pas un discours de circonstances. Ce n'est pas non plus un discours destiné à une catégorie pour en recueillir les
faveurs : ce n'est pas seulement à la jeunesse que je parle de la jeunesse, mais à toute la Nation, au nom de l'intérêt général et parce qu'elle est son avenir.
Je suis lucide sur les difficultés de notre système, sur ses faiblesses, ses échecs - trop de jeunes sortent sans
qualification - la reproduction et l'accroissement des inégalités. Je veux ouvrir deux grands chantiers, celui du temps et des rythmes scolaires, et celui de la revalorisation et de la
redéfinition des missions et des conditions du métier d'enseignant.
Nous le ferons dans la concertation, dans la négociation, avec la participation et la mobilisation de tous, en nous appuyant
sur les forces et les richesses de notre école, à commencer par le dévouement de ses personnels, mais nous le ferons avec détermination, parce que c'est l'intérêt de l'école.
Surmonter la crise de l'avenir qui nous ronge et restaurer le message de la République, ces deux missions nous attendent.
L'école est au carrefour de ces deux exigences. C'est pourquoi nous devons lui accorder toute notre énergie. Avoir une grande ambition pour l'école, c'est avoir une grande ambition pour la
France.
A vous tous, je souhaite une rentrée des classes riche d'apprentissages, de découvertes, d'amitié et de réussite.
François Hollande