267- De Yellowknife à Whitehorse via Fort Providence, Fort Nelson, Skagway

Publié le 29 juillet 2011 par Ahmed Hanifi
Le vendredi 15 juillet C. et moi entamons le voyage en direction de Inuvik et de sa mosquée, au-delà du cercle polaire. 

Les distances entre les villes sont grandes, elles me font penser à celles qui relient les villes du Sahara. De Yellowknife à Fort Providence (330 km) la route, nommée Highway 3, est correcte. Le temps est couvert ce matin. Au-delà de 20 km de Yellowknife on n'entend plus la radio (à ce propos, une journaliste de CBC m'a interviewé dernièrement: d'où je viens, pourquoi Yellowknife, où est-ce que je loge, comment se déroule mon séjour?...).

A mi-chemin nous nous sommes arrêtés au village autochtone Rae pour nous rafraîchir.

Ici le village autochtone Rae où se déroule une fête (Source Youtube)
Les parcs pour se reposer sont quasi inexistants tout comme la circulation. Nous avons croisé au plus une quarantaine de véhicules de YK à FP. Par contre nous avons vu d'innombrables corbeaux, mais aussi des bisons, 
des marmottes, rats-musqués...  

La végétation est dense, mais ce qui frappe ce sont les hauteurs des arbres, assez peu imposante. Il semblerait que la responsabilité incombe au Permafrost (en français Pergélisol) : c’est le sous-sol gelé en permanence, durant au minimum deux ans. Une très grande partie du nord canadien est ainsi constituée d’une couche de glace quasi permanente de 70 cm environ. Elle serait à l’origine de la physionomie de la végétation.



Nous arrivons à Fort Providence sans nous y attarder. Nous nous dirigeons directement vers le bac, afin de traverser le grand fleuve Mac Kenzie. Le bac est gratuit et fonctionne sans interruption de 6 heures à minuit 50. On l’appelle Le Traversier. 


En moins de dix minutes nous nous retrouvons sur l’autre rive. Maintenant la prochaine ville, Fort Liard est à  400 Km et toute la route est non bitumée, glissante par endroits à cause de la pluie ou du gravier. 

Les travaux y sont nombreux. A mi-chemin, nous faisons une halte obligée dans un village autochtone Déné pour faire le plein d’essence.
Plein d'essence (y compris des jerrycans) à "Jean-Marie Rivière", village Déné.
 
Nous avons fait une halte à Blackstone Territorial Park qui donne sur les montagnes Rocheuses et sur le Parc national Nahanni, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco

 

La forêt est partout. De temps à autre surgit, comme sortie du néant, une maison, avec son garage, son jardin ouvert. Il nous faut deux fois plus de temps et une dose sacrée de patiente pour arriver à Fort Liard sans dommage. Le village, qui porte le même nom que la rivière qui longe son flanc, est tout en longueur, village indien. 
Les habitations sont toutes des maisons individuelles en bois (comme ces « camps américains » construits en Algérie autour des zones d’hydrocarbures, toujours habités). 

Chaque résident possède son propre espace avec beaucoup de gazon. Mais, comme souvent ici, les moustiques sont extrêmement nombreux et fort agaçants. Un jeune pêcheur est venu nous montrer sa belle prise de plus de 50 cm dont nous n’avons pas retenu le nom. La nuit fut courte, mais réelle au pays du soleil de minuit. Il est vrai que nous sommes à près de mille km au sud de Yellowknife.

Le lendemain, samedi 16, au bout de 35 km, nous nous trouvons en Colombie Britannique  où spontanément apparaît une route goudronnée qui porte le même nom que celle qui nous a éreintés la veille, « Liard Highway », et le plaisir de conduire. Nous sommes accueillis à Fort Nelson par une pluie fine. Le ciel est très chargé et la température bien basse, 13° Fort Nelson n’est pas ce qu’on appelle une « ville des premières nations », autrement dit, ce n’est pas une ville «autochtone, indienne. La majorité de la population est blanche et les bâtiments nombreux et différents, il y a de nombreuses habitations individuelles, mais aussi des immeubles de deux à trois étages comme l’hôtel de la chaîne Super 8. 

Nous prenons un café, la traversons et reprenons la route. La végétation est plus abondante que dans les TNO et les arbres plus hauts

Au bout d’une centaine de km sur la Highway Alaska les paysages se font encore plus beaux que les précédents. Nous avons l’impression que les montagnes (de la chaîne des Rocheuses) sont posées côte à côte, de part et d’autre de la route. Dommage que le ciel soit couvert, nous n’apercevons pas la cime des montagnes éloignées. 


Il fait 17°, et toujours peu de circulation. Le maximum autorisé (lorsque la route est bonne comme ici) est de 100 km à l’heure et tous les automobilistes respectent scrupuleusement les panneaux d’indication routière, plus encore dans les villes et villages. Nous, qui sommes habitués à d’autres vitesses, à d’autres types de conduite, nous avons eu quelques difficultés à nous adapter. Lors d’échanges nombreux que nous avons eus avec les canadiens de Yellowknife, il nous a été fortement recommandé de nous arrêter à Liard River Hots Springs. Ce que nous faisons. Liard River Hots Springs est un espace qui comprend un terrain de camping, mais surtout des thermes aménagées en pleine forêt, plus ou moins chaudes selon qu’on choisit l’un ou l’autre des trois bains.

C’est effectivement très beau et le corps trempé dans de l'eau à 40 ° en sort revigoré et ragaillardi. Après quelques heures de repos, nous sommes de nouveau sur la route. Nous assistons à un combat fraternel entre deux jeunes ours pendants plusieurs minutes, nous avons vu aussi un caribou, des chèvres de montagnes, des bisons et des chevaux sauvages.







Watson Lake est un petit village qui se caractérise par des centaines de poteaux (ou totems) sur lesquels sont accrochées des milliers de plaques de toutes sortes : noms de villes, plaques minéralogiques, mots doux, et même des chaussures ou autres vêtements…


Lundi 18 juillet. Nous faisons une bifurcation en direction des Etats-Unis tous proches. Skagway est une ville très touristiques, mais très jolie. Elle ressemble beaucoup aux villes du Far West telles que nous les voyions dans les films de cow boys, avec ses cabarets, saloons, sa banque d’Alaska et autres bâtiments très anciens, dont la date d’édification « built 1897 » par exemple, figure sur leur fronton. Elle est quasiment encerclée par les montagnes enneigées, son fjord donnant sur l’Océan pacifique. Il fait frais (17°) et le vent ajoute à la sensation de froid. La ville héberge moins de 900 habitants.









Le lendemain, nous reprenons la direction du Canada, vers Whitehorse. Le vent est tombé, le ciel est bas, une pluie fine tombe en continue et la température peine à six degrés. Tout au long de la route de gigantesques crevasses remplies ou d’eau ou de petits lacs remplis de minuscules îlots. On n’y voit rien. La bruine est continue et le brouillard est épais. Nous traversons le village de Carcross où, non loin, bizarrement apparaissent de nombreuses dunes de sables. Il y avait ici à l’époque glaciaire, de grands lacs qui déposèrent des alluvions, et qui se sont asséchés, seul le sable est resté, formant ainsi « le plus petit désert du monde » (3 km2)


Nous arrivons après 170 km de bonne route, à Whitehorse où nous mettons au garage notre véhicule pour louer un autre, plus à même de traverser la Highway Dempster (« autoroute » du grand nord) jusqu’à Inuvik.