Afin de faire suite au récent post sur le Mystérieux Genie Urbain, cet article a pour but d’approfondir le thème des relations entre les infrastructures urbaines et le milieu naturel. Alors voilà, pourquoi ces relations constituent aujourd’hui un tournant de la condition urbaine ?
Un peu de Géoarchéologie
De l’époque médiévale à la Renaissance, le réseau très dense des cours d’eau naturels, qui était vital pour les industries (voile, rideau, draperie et cuir), représentaient une caractéristique forte de l’environnement urbain du nord de la France. D’après Les Temps de l’Eau : La Cité, l’Eau et les Techniques (1983) d’André Guillerme, la période entre la fin du Moyen Âge et le début du 18e siècle est une époque à laquelle de nombreuses villes du nord d’Europe comme Amiens, Rouen, Beauvais ou Bruges s’urbanisaient à partir du système hydrographique naturel (cours d’eau, rivières). Leurs infrastructures sont dessinées par le paysage aquatique (waterscape) et/ou terrestre (landscape) et sont le socle des formes urbaines de la ville. Cela leur vaut le « droit » à l’expression de « petites Venises du nord » (voir l’analyse comparative ci-dessous).
Comparaison des réseaux hydrographiques de Venise et de quelques villes du nord de la France. (Source : A. Guillerme, 1983)
Depuis quelques décennies, les villes se développent de façon dramatique. La condition urbaine était devenue la norme de construction, peu importe l’environnement naturel. Mais bien sûr, l’imperméabilisation trop importante du sol a vite fait émerger plusieurs dysfonctionnements du milieu urbain. Les éléments naturels ne peuvent plus être considérés comme des artefacts. Des parcs aux friches, de la gestion des eaux à l’agriculture urbaine, la nature représente en réalité une dimension fondamentale de l’urbanisation. De plus, les infrastructures urbaines qui auparavant étaient perçues comme un adversaire de la nature, apparaît parfois aujourd’hui comme une réserve de biodiversité, de nature sauvage en ville. Aujourd’hui beaucoup d’élus et architectes n’ont que ces mots à la bouche, souvenez-vous de l’exposition « La ville Fertile » ou bien du passionnant manifeste de Gilles Clément sur le Tiers-Paysage.
En Europe, les terres non cultivées et délaissées des autoroutes, voies de chemin de fer etc, sont devenues de véritables réserves de biodiversité. Plus marquant, le Tiers-Paysage est souvent vecteur de nouvelles espèces (importées par du remblais venu d’ailleurs ou autre) qui arrivent parfaitement à s’adapter au nouveau territoire, peu importe l’infrastructure.
Une autre réalité est celle de l’effervescence des catastrophes naturelles partout dans le monde. Plus que jamais, on s’intéresse de près aux interactions Nature/Infrastructure afin d’assurer la stabilité et la durabilité d’un territoire. Ainsi, la condition du XXIe siècle est celle de l’écologie urbaine, où les infrastructures sont le socle de la nature.
Learning from disasters
La semaine dernière, le monde occidental était hanté par le phénomène Irene. La remise en question de l’urbanisme du XXe siècle est évidente et ce qui est frappant c’est que les meilleures idées sortent souvent en temps de crise ou de catastrophes naturelles ou technologiques (lire les articles de Transit-City à ce propos ici et là).
"Aqualta" par le Studio Lindfors pour New-York (2009)
Encore une fois, les comparaisons avec Venise ne manquent pas. Voir là, là et d’autres images par ici.