C’est la quatrième année consécutive que j’use mes culottes sur les bancs de l’Université d’été du Medef. Dès lors, chers lecteurs, je tente de vous convaincre que les chefs d’entreprise qui s’y réunissent, n’y fument pas plus de gros cigares qu’ailleurs, que leurs poches ne débordent pas de billets et qu’ils n’y tiennent pas de conclave sur le profit permanent.
Les patrons français sont désespérément humains, désespérément français et ils passent leur temps à s’interroger sur l’état de l’opinion et le ressenti général de leurs propres salariés. Oui, c’est vrai, ils ont bien compris le rôle social procuré par la machine à café...
En écrivant tout cela et n’ayant jamais caché mes convictions, je ne doute pas que mes petits « camarades » cherchent déjà le meilleur emplacement pour dresser le bûcher de mon hérésie ! Mais lorsque le Medef fait le choix de réfléchir sur la poussée des populismes et autres extrémismes en France et en Europe à travers son débat « Halte aux extrêmes », je reconnais que celui-ci est bel et bien un sujet qui transcende tous les clivages.
En premier lieu il est nécessaire de comprendre que les positions extrêmes ne s’expriment pas simplement politiquement. Elles se retrouvent également dans les paroles, dans les pensées et dans les écrits. Internet et la formidable ouverture au monde qu’il offre est immédiatement tancé. La toile grouille de millions reporters ou journalistes en herbe qui passent leur temps à décrire l’info et l’Histoire à leur manière et parfois, à les réviser hors contexte.
La deuxième particularité tient aux intérêts nationaux et particuliers. Prenant référence sur l’image d’une Europe qui au lendemain de sa fondation était présentée comme garante de paix et de stabilité, elle se retrouve en moins de cinquante ans porteuse de tous les maux, de toutes les dérives et de tous les sacrifices imposés aux peuples. Une fois l’Europe carbonisée, les étrangers ou ceux qui ne font pas « couleur locale » en payent désormais le prix.
Ensuite, arrive le tour des français qui se caractérisent par leur instabilité émotionnelle et morale. Ces français toujours en quête de retrouver leur identité qu’ils pensent perdue. Ces français qui sacrifient la chance collective sur l’autel de leur individualité. Ces français qui se torturent à nier leur propre Histoire en cultivant jalousement le concept de mémoire sélective.
Enfin, le rôle des média et leur capacité à dénaturer la pensée du public. Une information n’est bonne que lorsqu’elle est juste et équilibrée. Ce type d’information impose donc que l’on ne passe pas sous silence les réussites en ne misant que sur ce qui ne fonctionne pas, sur ce qui diffère de l’ordre habituellement établi. La télévision c’est l’école des adultes. De la même manière que les instituteurs ont le devoir de transmettre le savoir, la diversité et la tolérance aux plus jeunes, les journalistes se doivent d’éduquer les adultes à comprendre le monde.
Pour être heureux, soyons différents !
La truculente Roselyne Bachelot, interpellée sur la Droite Populaire, n’a pas dit autre chose. Elle insiste sur le fait que très souvent, ce petit quarteron de Parlementaires remuants interpelle sur des sujets en distillant des contres vérités ou en prospère sur des omissions savamment orchestrées. Le débat est faussé. Anne Lauvergeon exhorte les entreprises à assumer leur responsabilité sociale en misant sur la création et le partage des richesses. Dominique Reynié pointera du doigt le manque de rigueur de nos gouvernants qui n’ont pas pris le temps nécessaires à expliquer aux peuples, partout en Europe, les grands enjeux qui se jouent en dehors de nos frontières et les bascules démographiques qu’elles ont engendrées chez nous.
Chacun s’accorde sur un point : la France n’est pas en danger et que ni une Marine Le Pen ou un Jean-Luc Mélenchon ne peuvent espérer jouer les juges de paix lors de la prochaine présidentielle. Cette promesse est-elle prémonitoire ou la chronique d’une bêtise annoncée ?
A la manière de Blaise Pascal : « L'extrême esprit est accusé de folie, comme l'extrême défaut... C'est sortir de l'humanité que de sortir du milieu ».