C'est curieux cette habitude pour les communicants de se contenter du copier/coller. Tout le monde se souvient de la photo genre " le plus grand cabaret du monde " à l a Rochelle la semaine dernière ? Ne vous donnez pas la peine de la rechercher, vous avez la même cette fois à Marseille avec l'UMP : simplement un peu moins de rouge et plus de bleu.
La formation politique du président de la République, dirigée par Jean-François Copé, n'économisait pourtant pas ses critiques à l'encontre de l'université d'été des socialistes. Avec en ligne de mire les prétendues divisions de la Rochelle et l'irresponsabilité des socialistes sur la règle d'or. "Des dizaines de phrases assassines que les socialistes se jettent au visage", a poursuivi Jean-François Copé dimanche, ajoutant : "Nous sommes très loin de ça, ici" : un peu vite dit.
C'est oublier le coup de semonce de Raffarin devenu vedette à Marseille au début du campus ; c'est oublier les déclarations assez tonitruantes de Patrick Devedjian. Il regrette dans une tribune au "Monde" l'absence "d'un grand projet de société" dans les propositions de l'UMP pour la présidentielle " et arrive à Marseille entouré de son club hurlant Patrick ... Patrick .... Il est vrai que l'écriture de ce projet, Bruno Lemaire, rencontre quelques difficultés et les timides essais de formulation sont souvent critiqués. Ce devait être pourtant l'un des moments clés du campus de Marseille, la présentation de cette ébauche. Dans ce contexte difficile, avant de laisser la parole à Bruno Le Maire, Jean-François Copé a demandé hier de "ne pas clouer au pilori ceux qui font des propositions" : bonjour l'ambiance et la mise en condition.
On pourrait ajouter à propos du " campus " en demi-teinte de l'UMP que la vedette lui a été contestée par le retour de folie de DSK. L'ancien patron du FMI arrivant en France dimanche matin, suivi par des hordes de journalistes à pleine vitesse, aura quelque peu occulté la séance de clôture du Campus UMP. Que pensez d'ailleurs de ces hordes de journalistes qui campent ainsi sur la place des Vosges ?
Jean-Pierre Raffarin, encore lui, décidément bien en verve, s'exprime avec des accents inconnus chez les socialistes à propos de ce :
"Je pense qu'aujourd'hui nous sommes dans la rubrique faits divers mais je pense que demain il pourrait revenir dans les pages politiques [...] M. Strauss-Kahn n'a pas perdu les qualités qui en ont fait un ministre important et un directeur général du FMI et ses analyses auront forcément à un moment ou à un autre un écho. [...] Il regrette que ""la question de la dignité des femmes dans la société ne bénéficie pas d'un impact médiatique" [...] Je dis attention, l'histoire nous a montré que l'on pouvait rebondir (...) Ce n'est pas un personnage banal, M. Strauss-Kahn. Il est quand même particulièrement doué de certaines capacités, sur le plan politique, il en a fait la preuve et sur le plan du FMI, il en a fait la preuve"L'UMP ne devrait pas craindre en effet un retour de DSK dans le débat; il pourrait souvent valider certaines thèses. Ni se plaindre de cette captation d'attention ; elle permet d'oublier les "bisbilles" en son sein qu'engendrent l'incertitude, le doute, les enquêtes d'opinion.
On ne peut s'empêcher de ressentir ce flottement au sein du parti majoritaire. Comme si certains, beaucoup, ne croyaient plus vraiment à la victoire possible du sortant au printemps 2012. Ils sont, mois après mois, renforcés dans ce sentiment par des sondages mauvais et une " confiance " qui demeure à des niveaux très bas pour Nicolas Sarkozy. Dans ce contexte de doute, d'hésitations, les pusillanimes commencent à regarder ailleurs, parfois vers Borloo, mais surtout au-delà, vers 2017. Cette incrédulité pour 2012 sera un des plus graves handicaps pour le sortant. Il faut quand même rappeler qu'ils devraient tout de même se souvenir de 1994 avec un Chirac déclaré battu à tous les coups par Édouard Balladur à quelques mois de l'échéance.
Mais c'est ainsi; les politiques ne cessent de contester les sondages d'en réclamer une interprétation " pondérée " et critique, et dans le même temps ces enquêtes occupent leurs esprits et guident leurs prises de position, prenant souvent le pas sur les idées de fond. Cette influence délétère des sondages n'est pas spécifique de l'UMP ; les socialiste engagés dans la primaire réfléchissent plus en terme de " capacité à battre Sarko " présumée que de projets proposés par les différents concurrents.
Pour quelques observateurs le malaise ressenti à Marseille s'explique simplement :
"Le plan d'austérité qui doit être voté par les parlementaires la semaine prochaine divise la majorité...Ça devait être une démonstration d'unité mais le campus UMP, qui s'est tenu à Marseille le week-end dernier, s'est transformé en une promesse de sangs et de larmes. Aussi bien pour les électeurs qui, en " période de rigueur budgétaire ", sont avertis que " tout ne peut pas venir d'en haut ", comme l'a dit hier François Fillon à la tribune. Que pour les responsables et militants UMP qui vont devoir porter un projet dont le cœur sera " la question de la dette ""
Le trouble est sans doute beaucoup plus profond.
[AgoraVox a publié cette note]
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