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Chère madame Boutin

Publié le 05 septembre 2011 par Juval @valerieCG

Chère madame Boutin

Fin mai, Christine Boutin adressait une lettre au ministère de l’Education afin de contester l’étude de la théorie du genre en cours de SVT. Je sais qu’elle est loin d’être la seule à contester cette décision et, surtout, à ne pas comprendre ce qu’est la théorie du genre comme en témoigne son courrier et certaines de ces récentes déclarations.
Tâchons donc d’expliquer ce qu’est le genre ou le « gender » ; certains se refusant à franciser le nom. Si cette théorie est effectivement née aux Etats-Unis dans les années 701 et 80, on la retrouve dés les années 50 avec le fameux « On ne naît pas femme, on le devient » de Simone de Beauvoir.

Qu’entend-on par là ?
Nul (ou si peu

;)
) ne nie la différence biologique entre hommes et femmes. Mais nous ne parlons pas ici de biologie, de nature, mais de culture. Dés lors qu’on connait le sexe d’un enfant, à sa naissance ou via une échographie, nous prenons des décisions propres à notre culture. Par exemple en France en 2011, nous lui donnerons un prénom féminin et aurons plus tendance à lui acheter une poupée et une robe rose si nous constatons que c’est une fille. Le choix du rose pour une fille est une convention récente sociale et qui n’a aucune vocation à l’universalité ou à l’intemporalité. Il ne s’agit ici même pas d’en discuter le bien-fondé mais de constater qu’elle a tout à voir avec la culture et peu avec la nature.

Si les organes génitaux n’évoluent pas, la culture, elle, se modifie en permanence. Vous offrirez sans aucun doute, madame Boutin, un pantalon à une petite fille ; vous même en portez sans doute. Il aurait été proprement impossible de le faire il y a 50 ou 60 ans parce qu’il était considéré que les femmes n’avaient pas socialement parlant, à mettre de pantalons.

Et c’est bien cela qu’on appelle le genre. Tout ce qui constitue, à un moment donné, l’identité sociale masculine et féminine. cela varie selon les époques et les lieux.

Par exemple, avant le 18ème, on était persuadé (voir Thomas Laqueur La fabrique des sexes), qu’il y avait un seul sexe (les organes génitaux masculins et féminins étant les mêmes mais à l’envers les uns des autres) mais deux catégories de genre. ce qui constituait le genre masculin dans l’aristocratie, n’est pas ce qu’il est aujourd’hui ; vous concevriez assez mal, j’imagine, de voir certains de vos collègeus députés en perruque, talons et peinturluré de blanc.

A Tahiti – mais pas que – il y a un troisième genre ; les mahu. Chez certains inuits, on incarne jusqu’à la puberté l’âme d’un défunt. On peut ainsi incarner un défunt femme alors qu’on est un jeune garçon.

Il ne s’agit pas ici de « parti-pris idéologique » puisque vous pouvez constater que nous ne parlons pas de la même chose. Le genre est simplement le sexe social ; or, vous constatez bien qu’on ne considère pas les femmes (et les hommes) de la même façon qu’on soit en Afrique ou en France, en 1500 ou en 2011. Chez les Hulis de Papouasie-Nouvelle guinée, comme dans de nombreux autres ethnies, le maquillage est affaire d’homme et constitutif de l’identité masculine. En France, en 2011 c’est exactement l’inverse.

Enfin je rappelle que la théorie du genre n’a rien à voir avec la sexualité.


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