Un cascadeur à Hollywood, expert au volant, mène une activité parallèle en conduisant des malfrats lors de leurs braquages. Solitaire et silencieux, sa vie s’éclaire au contact d’Irene, une jeune femme de son voisinage, qui a un fils et dont le mari va bientôt sortir de prison.
hhhhhh
Le premier intérêt majeur de Drive, c’est son interprète principal, Ryan Gosling, qui allie talent et charisme avec une désinvolture impressionnante, passant de film en film avec une aisance de plus en plus remarquable, à travers des choix peu communs.
Ici, il ne déroge pas à la règle. Imposant dans ce rôle silencieux, mélancolique et introverti, pourtant rempli d’une violence et d’un amour simultanés et infinis, il est absolument fascinant, personnage « de cinéma » au sens propre.
Le scénario est relativement simple, en tout cas peu surprenant, à base de mafia, de coups qui tournent mal, de vengeance. Mais le héros est si particulier que le déroulement a toujours un petit quelque chose de spécial, puisque jusqu’au bout, il pensera d’abord à la femme qu’il aime et à son bien-être (voire son bonheur) plutôt qu’à l’assouvissement de son propre désir d’être avec elle. Jamais dans le besoin de la « posséder », sa seule action égoïste (un baiser dans un ascenseur) se justifie amplement par l’action suivante, déjà prévue dans son esprit, et forcément définitive.
La vraie surprise vient de la mise en scène. La séquence de pré-générique est, en termes d’action, disons-le, peut-être la meilleure du film, au point que l’on regrette presque qu’elle arrive si tôt et qu’aucune des suivantes n’atteigne son intensité. Scène de cache-cache en voiture, au son de la radio et des ondes de la police, éclairée par les regards denses de Gosling et ses manœuvres nerveuses. La suite du film est malgré tout très brillante, avec des accents surprenants sortis tout droit des années 80, depuis la police des credits jusqu’à la plupart des morceaux de la bande originale. Baignant dans un fort univers masculin, le film ne donne jamais l’impression de s’adresse « aux mâles seulement », probablement une fois de plus grâce à son personnage principal à la sensibilité particulière. Les gros durs, dont Ron Perlman, qui s’amuse bien en méchant ultime, sont magnifiquement ridicules, jamais glorifiés, jamais « les plus forts malgré tout ».
Enfin, Los Angeles est filmée comme rarement, de façon très chaleureuse, avec un ensoleillement doux et, contrairement à sa représentation classique, comme un endroit où un vrai bonheur est, ou aurait été, possible.
Note : 5 out of 6 stars