La guerre est declaree

Publié le 05 septembre 2011 par Lorraine De Chezlo
de Valérie Donzelli
Drame autobiographique - 1h40Sortie salle France - 31 août 2011avec Valérie Donzelli, Jérémie Elkaïm, César Desseix, Gabriel Elkaïm, ...
Quand Roméo rencontre Juliette, une belle histoire d'amour débute entre ces deux êtres qu'aucune épreuve ne saurait séparer. Leur fils Adam naît et ils surmontent les difficultés du devenir parents. Mais un jour, il faut se rendre à la réalité et consulter un neurologue : à 18 mois, Adam ne marche toujours pas, il vomit fortement et présente une nouvelle asymétrie faciale. La mauvaise nouvelle ne tardera pas, c'est une tumeur cancéreuse au cerveau qui rend ce petit malade. Alors ce n'est pas le moment de se laisser abattre. Branle-bas de combat, union familiale, entraides amicales, recherche du meilleur chirurgien pour l'opération urgente mais heureusement possible. Le début d'un marathon dont Roméo et Juliette ne connaissent pas la distance en nombres d'années...
C'est peut-être parce que Valérie Donzelli a vécu ce drame dans sa propre vie avec son (ex)-compagnon Jérémie Elkaïm,qu'elle est la mieux placée pour se lancer dans la réalisation d'un film sur un sujet aussi terrible, une maladie ravageuse sur un jeune enfant, le cancer injuste qui reste encore sujet tabou et terrorisant (à juste titre). Mais ce qu'elle a voulu montrer, tout en rendant un vibrant hommage à son amour d'antan, à sa relation exceptionnelle qu'elle a vécu avec Jérémie Elkaïm, son Roméeo, c'est que des ingrédients existent pour surmonter cette épreuve douloureuse : un chirurgien de grande renommée, une famille soudée, aidante, un couple équilibré, sachant discuter, partager ses divisions pour prendre les bonnes décisions responsables, oublier les reproches, s'épauler inlassablement. Par dessus tout, il veulent tenir leur pacte : tout faire pour ne pas s'alourdir la vie, pour se l'adoucir. Des moments légers, des bouffées d'oxygènes, des soirées, des chamailleries. Il faut bien ça pour tenir le rythme des visites quotidiennes à l'hôpital Necker ou à l'Institut Gustave Roussy.

Comme ce sont des supers parents malgré leur jeunesse, ils savent s'écouter, ils s'imposent le dialogue pour partager leurs angoisses, tout en dédramatisant : la peur qu'après l'opération Adam devienne "aveugle, sourd, muet, pédé, Noir et vote Front National". Il y a donc beaucoup d'émotions, de larmes, mais des rires aussi.Même si d'autres couples n'ont pas connu cette happy end, même si le cancer - les cancers - sont trop souvent incurables, cette histoire est belle et touchante, tenue par un couple exceptionnel qui a eu le mérite de se battre avec détermination. Certaines étapes de la maladie et du traitement sont plus détaillées que d'autres (on passe de 18 mois à 8 ans sans forcément saisir les conclusions de diagnostic et les interventions qui ont dû avoir lieu entre-temps), la séparation du couple également est éludée, mais malgré ce déséquilibre, l'histoire se vit intensément, soutenue par une bande originale de toute beauté.Finalement, le réel drame de "La guerre est déclarée", c'est peut-être la séparation de ce couple exemplaire, léger et grave, réfléchi, responsable, harmonieux et terriblement solide, qu'on prend plaisir à voir à l'écran.
L'avis de Mathieu Tuffreau - Cinéma dans la luneInterview de Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm - Angles(s) de vue