Léna Godefroy, coach et fondatrice du cabinet Keep Coach, a signé un article traitant du "management des risques psychosociaux dans votre organisation". Etant de formation en psychologie sociale, je me suis demandée comment ce problème pouvait bien être abordée. Je crains malheureusement qu'il y ait là un détournement du sens même de l'adjectif "psychosocial" par ces professionnels non formés à la psychologie sociale.
Les risques psychosociaux sont dans cette article évoqué en référence à deux domaines scientifiques qui sont la psychologie et plus particulièrement son sous-domaine qui est la psychologie clinique (étude des faits psychologiques) et la sociologie qui étudier les représentations collectives d'un groupe.
Que ce passe-t-il alors dans les analyses qui vont être menées ? Les psychologues cliniciens vont relever les différents symptômes précurseurs d'une déviance. En parallèle, les sociologues vont étudier le groupe dans lequel sera observé le phénomène. On obtiendra alors une typologie de risques susceptibles d'entraîner le stress, la dépression ou encore le harcèlement moral. Seulement, ces domaines n'auront pas décrit les processus en cause, mais seulement une interprétation d'une relation de cause à effet probable entre une représentation et un état psychique.
La psychosociologie n'est pas cette association. Elle est la seule science capable de mesurer les flux qui générent ces états en tenant compte des études des psychologues cliniciens et des sociologues. Depuis 1960, la psychologie sociale décrit et prédit des comportements. Prenons l'exemple de la soumission librement consentie, elle est bien souvent présente dans ces situations. Qui des psychologues cliniciens et sociologues sauront prédire que dans cette situation l'individu s'impose des règles qui ne lui sont pas demandée. Qui de ces spécialistes sauront proposé le remède pour éviter ce cercle vicieux.
Je respecte ces domaines de spécialité car ils sont utiles à la description des facteurs qui interagissent sur nos comportements. Mais il serait tout aussi appréciable que ce respect ne soit pas à sens unique. Pour lutter contre ces phénomènes de plus en plus croissant dans les entreprises, il serait sage de réunir les trois domaines, et non se satisfaire de deux disciplines qui non pas pour fonction de décrire ces flux.