La saison 2011 sous la loupe: l’AFC Nord

À l’aube d’une nouvelle saison de football, poursuivons notre survol avec l’AFC Nord, une division où 2 batailles féroces feront rage : une pour le sommet de la section, l’autre pour la cave. Au clavier: JR.

Bengals, Browns, Ravens et Steelers ont un calendrier plutôt favorable qui les verra affronter les représentants de l’AFC Sud et surtout, de la NFC Ouest.


Ravens de Baltimore :

Abonnés à la grande danse de janvier depuis l’arrivée de Joe Flacco aux commandes de l’attaque, les oiseaux mauves espèrent enfin franchir l’obstacle sur lequel ils butent depuis 3 ans : les Steelers de Pittsburgh. Ça y était presque l’an passé en finale de division alors que Baltimore a ramené une avance de 21-7 au vestiaire à la mi-temps, mais un chokage en règle plus tard, l’avance s’est évaporée et les mauves sont encore repartis bredouille de la bouteille de ketchup géante. Depuis 2008, les Ravens présentent une fiche de 2 victoires 6 défaites (séries comprises) contre Pittsburgh, tandis qu’ils sont 34-13 contre le reste de la ligue. Un bien mauvais karma qui viendra les hanter dès le premier match.

Parmi les victimes de cette autre élimination contre les rivaux de division, on retrouve le coach des QB Jim Zorn, mais pas le coordonnateur offensif Cam Cameron. Joe Flacco ne s’est pas gêné pour faire savoir qu’il aurait préféré l’inverse. Sauf que le QB a aussi une grosse cible dans le dos et on attend toujours qu’il devienne plus qu’un passeur de milieu de peloton. Les statistiques sont bonnes, mais s’il a l’air de Martin St Louis quand il affronte les Browns ou les Bills, il se transforme en Scott Gomez quand l’enjeu est important. Officiellement, il a encore le support de ses coéquipiers, mais d’autres échecs contre les damnés Steelers pourraient être fatals.

L’organisation ne l’a pas aidé dans l’entre-saison, gérant son groupe de receveurs d’une façon toute Bengalesque. Finalement, l’arrivée tardive du rapide Lee Evans en provenance des Bills sauve un peu la donne et donnera à Flacco 2 cibles de choix (avec Anquan Boldin) à qui lancer le ballon. Par contre, la profondeur à cette position est très inexpérimentée, surtout le 2e choix Torrey Smith qui aurait besoin d’un peu de velcro sur ses gants. Le vétéran TE Todd Heap fut libéré et remplacé par les jeunes Ed Dickson et Dennis Pitta. Moyen.

Aucun souci dans le champ arrière toutefois alors que l’excellent Ray Rice devrait être encore meilleur que l’an dernier. Pour le seconder, s’est amené Ricky Williams dont le vrai rôle sera de fournir le cannabis à Joe Flacco pour le décrisper dans les moments importants! Soulignons aussi une belle prise, soit le fullback Vonte Leach, un des meilleurs de sa profession. Tant mieux, car la ligne offensive n’inspire pas confiance. Dans un geste de panique, l’organisation a signé le vétéran Bryant McKinnie au poste névralgique de bloqueur à gauche. Doté d’un casier judiciaire bien garni et libéré par le Minnesota pour s’être présenté au camp dans un état proche de l’obésité morbide, McKinnie peut aider s’il ne fait pas l’idiot, un défi qu’on soupçonne au-delà de ses capacités. Au moins, ceci permettra de retourner Michael Oher du côté droit, sa position naturelle. Quant au centre Matt Birk, il se dit remis d’une blessure qui l’a tenu à l’écart des parties préparatoires. Ses premières snaps « full contact » seront donc contre l’imposant Casey Hampton. Bonne chance!

Défensivement, les Ravens restent les Ravens, soit une unité de fort calibre, qui n’accordera pas grand-chose aux adversaires. Kelly Gregg parti, c’est Terrence Cody qui procurera la dose de gras trans en milieu de terrain aux côtés de l’excellent Haloti Ngata. L’increvable Ray Lewis continue de dominer au centre du terrain, tandis que Terrell Suggs sera encore bien seul pour appliquer de la pression sur le QB, une faiblesse que Baltimore n’a pas résolue ce printemps. Par contre, la tertiaire s’est améliorée grâce au premier choix Jimmy Smith, un autre dont le dossier criminel est de l’épaisseur d’un dictionnaire. Il devrait couvrir immédiatement les meilleurs receveurs adverses. L’identité du 2e corner n’est pas confirmée, mais en jumelant Smith au safety vedette Ed Reed, ça donne une tertiaire très potable.

La prédiction : 10-6, 2e de la division et hors des séries. Yep.


Bengals de Cincinnati :

Avertissement : ce blogueur, grand fan des Bengals, pourrait s’effondrer en larmes, se recroqueviller en position fœtale et sombrer dans la démence avant la fin de ce preview. Merci!

L’immense déception de la saison dernière a laissé des traces à Cincinnati, à commencer par le QB Carson Palmer qui préfère sarcler son jardin plutôt que de retourner en Ohio. L’option de l’échanger et d’en retirer quelque chose étant trop logique, Mike Brown (le cabochon qui gère les Bengals) a choisi de le laisser sécher. Palmer n’ayant toujours pas signé ses papiers de retraite, attendez-vous à des développements inattendus dans cette triste saga à tout moment. En attendant, c’est la recrue Andy Dalton qui aura la difficile tâche de mener la barque. Ce sera pénible par moments, surtout que l’équipe implante un nouveau système offensif, mais ce qu’on lui demande est une amélioration visible au fur et à mesure que la saison progressera. Ses sorties au camp vont dans ce sens et Dalton est un QB précis, doté d’un bon leadership. Laissons-lui sa chance.

Il lancera le ballon a un groupe de receveurs jeune, mais talentueux qui inclus les premiers choix 2011, AJ Green et 2010, Jermaine Gresham (TE). Jordan Shipley, Jerome Simpson et Andre Caldwell tenteront aussi d’asseoir leur carrière dans le grand circuit en développant une chimie avec leur QB. Leurs personnalités sont aux antipodes du T-Ocho show de l’an dernier, mais ce sont les résultats sur le terrain qui seront jugés.

Le jeu au sol sera crucial pour faciliter la vie de Dalton et reposera principalement sur les épaules de Cedric Benson. Léger détail, Benson est en prison présentement, un truc assez original pour manquer des pratiques, avouons-le. Sa présence contre les Browns lors du premier match est incertaine. L’explosif mais fragile Bernard Scott et le 3e RB Brian Leonard le seconderont derrière une ligne offensive ancrée par un excellent LT, Andrew Whitworth. Le problème est que le reste de la ligne est plutôt faible.

Défensivement, les ajouts sont des rejets des Raiders et des 49ers. Rendu là, nous aurions presque préféré que les tigres recrutent dans la Lingerie Football League à la place. L’un d’eux, le CB Nate Clements sera incapable de colmater la brèche laissée par le départ de l’excellent Jonathan Jospeh. L’unité de linebackers fut remodelée et sera menée par Ray Maualuga qui patrouillera le centre du terrain, sa position naturelle. Un bon move. La D-Line compte quelques valeurs sûres, comme Domata Peko, auxquelles on ajoute des jeunes aux dents longues comme Carlos Dunlap et Geno Atkins qui devront générer de la pression sur le QB. Bien coachée par Mike Zimmer, l’unité défensive fera le travail, du moins on le souhaite, car ils seront souvent sur le terrain.

Les plus négatifs prédisent déjà une fiche de 0-16 aux Bengals, mais avec les Browns, les Broncos, les Niners, les Bills et les Jaguars en lever de rideau, les tigrés pourraient même surprendre et se forger une fiche respectable tôt en saison.

La prédiction : 4-12, derniers de la division.


Browns de Cleveland :

Eric Mangini parti, le règne de Pat Shurmur débute à Cleveland. La bonne nouvelle est qu’il est le choix de Mike Holmgren, donc il bénéficiera de sa clémence. La mauvaise est qu’il obtient sensiblement le même alignement que son prédécesseur, soit un toxique mélange d’incompétence et de « le meilleur est à venir ».

Le QB Colt McCoy entre dans la seconde catégorie. Excellent dans les premiers matchs préparatoires, il a considérablement refroidi par la suite. Malgré son prénom de fusil, il ne possède pas un bras puissant, un défaut que la nouvelle attaque West Coast du Brun devrait amoindrir. Ne devant à l’origine pas jouer l’an dernier, il a finalement débuté 8 parties, avec un succès variable. Cette expérience lui sera utile, car il est bien en selle aux commandes cet automne. Toutefois, il doit saisir sa chance rapidement, car les propos de Mike Holmgren dans l’entre-saison démontrent qu’il suscite encore bien des craintes dans la haute-direction de l’équipe.

McCoy lancera le ballon à un groupe de receveurs qui est au football ce que Normand L’Amour est à la chanson. L’arrivée du choix de 2e ronde Greg Little pourrait aider, mais ce dernier aura besoin d’une période d’adaptation, surtout qu’il a manqué la saison dernière au complet dans la NCAA. La seule valeur sûre du lot est le vétéran TE Benjamin Watson.

C’est beaucoup mieux au sol alors que Peyton Hillis tentera de répéter sa saison de rêve de 2010 tout en évitant la célèbre Madden Curse. Le seul RB blanc partant de la ligue sera secondé par Montario Hardesty qui se remet péniblement d’une sévère blessure lui ayant fait rater 2010 en entier. Il ne faudra pas trop lui en demander, surtout tôt en saison. La ligne offensive est de première qualité, surtout le LT Joe Thomas (le meilleur de la NFL) et le centre Alex Mack. Par contre, la perte du garde à gauche Eric Steinbach (qui n’a manqué aucun snap au cours des 2 dernières années) laisse un gros vide.

Défensivement, le DT Shaun Rogers, dont le fait d’arme à Cleveland fut d’avoir essayé de franchir la sécurité de l’aéroport local avec son fusil, a traîné son gros cul paresseux dans le Big Easy et fut remplacé au repêchage par Phil Taylor (DT) et Jabaal Sheard (DE). Dit autrement, la D-Line s’est améliorée, passant de 3 cloches et un idiot à 2 cloches et 2 espoirs! Le retour au jeu de l’excellent MLB D’Qwell Jackson devrait stabiliser le milieu de terrain tandis que la tertiaire est la force de l’équipe, principalement à cause des joueurs de 2e année, Joe Haden (CB) et TJ Ward (S). Finalement, soulignons que les unités spéciales brunes, particulièrement le spectaculaire Josh Cribbs, seront durement affectées par le nouveau règlement sur les retours de bottés.

La prédiction : 6-10, 3e dans la division


Steelers de Pittsburgh:

Ceux qui cherchent un exemple d’une organisation bien gérée n’ont qu’à se tourner vers celle des Steelers qui ont trouvé une façon de garder tous leurs joueurs d’impact tout en abaissant de 12 millions la masse salariale afin de respecter le plafond.

C’est fou comme les choses changent en un an n’est-ce-pas? A cette date l’an dernier, Ben Roethlisberger était sous le coup d’une suspension et coupable (du moins dans l’opinion publique) d’un viol. Un an et une apparition au Super Bowl plus tard, le voici bon garçon, rangé et même nouvellement marié. Aurait-il trouvé Jésus?!? Remarquez qu’il a encore un procès qui lui pend au bout du nez pour ses agissements au Nevada, donc il n’est pas complètement sorti de l’auberge. Sur le terrain, rien de tout cela ne dérange le gros Ben qui sera fidèle à lui-même, soit probablement le QB le plus clutch de la ligue (oui, oui, devant Tom Brady).

Mike Wallace sera dorénavant son « go-to guy ». Le rapide receveur a explosé l’an dernier et fait maintenant parti de l’élite de la ligue. Tant mieux, car le vétéran au sourire permanent Hines Ward ralentit, et a fait un premier pas pour remplacer son QB dans la chronique judicaire cet été. Les prometteurs jeunes Emmanuel Sanders et Antonio Brown complètent un quatuor de receveurs qui n’a guère d’égal dans le football. Le vétéran Heath Miller, un vrai TE capable de bloquer aussi, complète le portrait.

Celine Dion a eu son kayak et Rashard Mendenhall aura eu son Ben Laden, autant de bons exemples que certains devaient s’en tenir uniquement à leur job de jour!! Boulot auquel Mendenhall excelle d’ailleurs. Il continuera d’offrir un bon complément à une attaque principalement aérienne. La ligne offensive, misérable au mieux, continuera d’être le tendon d’Achille de l’offensive qui a cependant appris à composer avec cette faiblesse. Parmi ce groupe, seul celui qui fait la poule, Maukrice Pouncey, est digne d’être partant dans la NFL.

Défensivement, rien n’a changé ce qui est une bonne chose, du moins chez les linebackers et la D-Line. Aaron Smith, Casey Hampton et Brett « barbu » Keisel continueront de dominer à l’avant, avec Ziggy Hood et le premier choix Cameron Heyward comme substituts de luxe. Chez les secondeurs, Lamarr Woodley et Lawrence Timmons se sont entendus à long terme avec le club et forment un duo qui excellera pendant de nombreuses années dans la ville de l’acier. James Farrior et James Harrisson s’ajoutent à eux pour former un quatuor qui donne le goût d’agiter le drapeau blanc avant même le début du jeu. Par contre, la faiblesse demeure la tertiaire, qui n’a reçu a peu près aucune aide dans l’entre-saison. Troy « mes-cheveux-valent-plus-cher-que-ma-maison »Polamalu est celui qui fait la différence, mais qui peut de moins en moins sauver la situation à lui seul. Les équipes comme les Pats et les Packers, capables de jouer efficacement avec des formations à 3 receveurs ont maintenant la recette pour tailler en pièces le rideau de fer Pittsbourgeois. N’empêche que la défensive jaune et noire sera encore trop forte pour la majorité de ses adversaires.

Finalement, et c’est le principal (!!), Pittsburgh devra batailler deux malédictions cet automne. La leur d’abord alors que les saisons suivant leurs 2 dernières visites au Super Bowl furent pénibles et celle des Dieux du football qui dicte que le perdant du Grand Match souffre toujours l’année d’après. Ces malédictions seront plus difficiles à vaincre que les équipes de la NFC Ouest!!

La prédiction : Fuck les esprits, 12-4, et un titre de division.