En 1997, lors de la mort de la princesse Diana, les journalistes et les reporters n'ont eu de cesse de se démarquer des paparazzi, qui, selon eux, ternissaient l'image des professions de l'information. PPDA n'avait alors pas de mots assez durs pour condamner cette engeance, selon lui, méprisable. Aujourd'hui, tous les reporters sont des paparazzi et cela ne semble poser de problème à personne.
Que les chaînes en continu repassent les mêmes images en boucle, jusqu'à les banaliser et à les vider de tout contenu informatif, nous y sommes habitués. Nous avons vu des centaines de fois l'attentat du World Trade Center et d'autres images tout aussi historiques. Mais l'exercice auquel elles se sont livré ce dimanche est au-delà du ridicule. Comment ne pas trouver dérisoire cette nuée de photographes qui s'agitent autour d'un homme qui pousse un caddy avec ses bagages? Ou qui sort d'une voiture? Qu'apportent ces images? Aucune information car il suffit de dire que DSK est arrivé en France ce matin pour que ces scènes sans intérêt passent par la tête du récepteur. Ce sont ce que les cognitivistes appellent des "scripts", des "scénarios", c'est-à-dire des représentations dans lesquelles nous puisons pour comprendre la réalité.
Alors pourquoi les rabâcher? La vérité, c'est que, après plus de 15 ans de presse people, les photographes de presse voient la réalité avec des yeux de paparazzi et nous obligent à la regarder avec leurs lunettes déformantes.
On ne manquera pas demain de se demander si les médias en "ont trop fait". Je réponds par avance: ce n'est pas la quantité qui est choquante, c'est la qualité de ce qu'on appelle aujourd'hui "information". L'image prise sur le vif d'une personnalité dans sa voiture ou à l'aéroport est devenue si commune dans la presse "people" qu'on a fini par croire qu'elle était une information alors qu'elle ne nous apprend rien. Elle ne satisfait que la pulsion scopique, ce désir ancré en chacun de nous de voir et, même, de voir pour croire. On sait que les informations données dans un journal télévisé sont à peu près équivalentes à une page de journal. Les directs de la télé continue seront bientôt l'équivalent d'une photo de Voici ou de Public!