La droite veut accélérer le processus de démolition sociale
Jamais le sarkozysme n'a été à ce point impopulaire. L'attente d'en finir et de passer à autre chose est grande et les dernières mesures annoncées par Fillon renforcent encore l'exaspération.
Les gouvernements, les dirigeants de l'Union européenne sont confrontés à des problèmes inédits dont ils n'ont pas la solution car ils excluent de desserrer l'étau des exigences des plus gros détenteurs de capitaux, de ceux qui sont les grands opérateurs sur les marchés financiers, de ceux pour qui travaillent les nouvellement célèbres agences de notation.
Ce que ces gouvernement savent faire, c'est utiliser la crise pour accélérer le processus de démolition sociale, attaquer au bazooka l'école, l'assurance maladie, la solidarité envers les plus fragiles, les statuts, les collectivités territoriales… j'en passe et des pires.
Ces politiques, en Europe comme aux États-Unis, sacrifient les peuples, les ressources naturelles et la planète. Mais si, comme le disait le grand timonier Jean-Pierre Raffarin, « la pente est rude », la route n'est pas droite et bien des incertitudes et des inquiétudes se font jour dans les milieux dirigeants.
Crise : une diabolisation de la dette
Comment faire comprendre la gravité de la situation sans nourrir un affolement ? Par une campagne de très haut niveau faisant appel, comme en 2005 sur le TCE, au bon sens, à la capacité de jugement, d'analyse et de compréhension des citoyennes et des citoyens.
L'offensive idéologique estivale vise ni plus ni moins qu'à une diabolisation de la dette. Quand l'inénarrable Alain Minc déclare dernièrement que l'essentiel est de parler de l'endettement et non de l'emploi, c'est l'aveu d'une très grande fébrilité. Ils redoutent plus que tout que le débat puisse, enfin, porter sur les préoccupations du plus grand nombre.
Le thème de l'union nationale autour de la dette est une grossière manipulation qui consiste à prendre appui sur une opinion publique légitiment inquiète pour interdire, confisquer, l'indispensable confrontation politique sur les moyens, les solutions d'une sortie de crise. La ficelle est un peu grosse. A neuf mois de l'élection présidentielle, de quoi doit-on prioritairement débattre ? Voilà la bataille politique des prochaines semaines.
Si les plus grandes fortunes, dans un pitoyable exercice de charity-business, ont pris l'initiative laissant croire qu'elles voulaient apporter leur contribution financière face à la crise, c'est qu'elles sentent bien que la marmite de l'indignation peut leur sauter au visage. Les pièces jaunes ne nous intéressent pas. C'est le coffre-fort que nous visons…
La « règle d'or » : une arme de destruction massive
Rappelons d'abord que cette règle d'or existe déjà avec les traités de Maastricht et de Lisbonne. Dans la logique du Pacte pour l'Euro-plus, c'est une « arme de destruction massive » contre les missions de l'État et les biens communs publics. Nicolas Sarkozy a réussi à entraîner une partie de la gauche dans une course à la rigueur. Il ne relâchera pas la pression. Le poison distillé a déjà fait son effet. Alors que le programme du Parti socialiste se fixait l'horizon de 2014 pour atteindre les 3% de déficit, les candidats à la primaire proposent aujourd'hui 2013. François Hollande allant jusqu'à promettre un équilibre des comptes publics pour 2017 ! Cela serait une véritable capitulation devant le mur de l'argent, la promesse d'une austérité à perpétuité. La règle d'or, il ne suffit pas de ne pas la voter comme s'y engage aujourd'hui le Parti socialiste – et si le Congrès était convoqué aucune voix ne doit manquer – il s'agit de ne pas l'appliquer.
Alternative politique : pas de demi-mesures sociales-libérales
L'enjeu de l'alternative politique est énorme. Des millions de personnes savent aujourd'hui ce dont elles ne veulent plus. Mais, à peine effleuré de l'esprit ce qui serait souhaitable, la question qui est posée, et qui aujourd'hui alimente un doute toujours aussi persistant, est le fait de savoir si cela est possible, réaliste dans les conditions actuelles, ou pas. Et quand la réponse d'une partie de la gauche est « un peu plus de justice dans l'austérité » et que cette orientation est celle qui bénéficie de la plus forte couverture médiatique, alors ce qui se dit dans les quartiers populaires, dans le monde du travail, chez les jeunes, c'est que rien de bon n'est à attendre. C'est que la vie continuera par tous les bouts à être bouffée par la dureté du quotidien et la peur de l'avenir.
Aujourd'hui, les demi-mesures sociales-libérales apparaissent un peu comme la voiture balai des politiques de casse sociale. « Ils vous font très mal. Avec nous, vous aurez droit, on s'y engage, à un accompagnement pour mieux supporter la douleur », voilà la prescription de certains docteurs à gauche. Quant à droite, c'est « Massacre à la tronçonneuse », en face, il y aurait autre chose à proposer qu'un remake de « l'Arnaque ».
Nous proposons, avec le Front de gauche, notre candidat commun à l'élection présidentielle, et les futurs candidat-e-s aux élections législatives, une relance du débat à gauche. Il n'est, par exemple, plus possible de ne pas briser le tabou sur l'augmentation des salaires. Nous n'allons pas rester sagement dans notre coin, à cultiver notre jardin. La Fête de l'Humanité va être le premier grand rendez-vous pour franchir une étape dans l'investissement populaire, avec le Front de gauche, pour rassembler, gagner et réussir à gauche en 2012.