par Stèv Yaël Julien Romani-Soccoro.PHOEBE PHILO a dit: " There is always a sense of streetculture, a new streetwear, in my work" + Apparition memorable à la sortie de son dernier défilé... en Stan Smith! + certain mannequin de la collection pre-fall 2011 porte des sneakers sur les photos du lookbook... Je ne fais que prendre exemple sur la designeuse, la plus talentueuse de sa génération... et je ne suis pas de mauvaise foi! (je m'arrange, c'est pas pareil).
J'avoue, j'ai un peu cramé du ciboulot. Enfin… pas vraiment, j'essaye de m'adapter à ma nouvelle ambiance sociale, c'est tout. Don't judge (ça, par exemple, c'est très québécois de foutre des mots anglais un peu partout). Et puis, je suis comme les femmes, quand je change de vie, je change de style. Quand j'étais à Bruxelles et que je changeais de mari, j'optais pour des nouveaux cheveux. Alors, comme là j'ai carrément changé de continent, ben j'ai un peu pété une durite… ou plutôt, je suis revenu à un amour de jeunesse : le streetwear (qui est devenu couture en vieillissant). Mais attention : que les offusqués reprennent leur respiration, je ne suis pas en pleine phase adolescent bling bling party, traînant ma vieille carcasse en jogging informe et veste assortie. Que nenni. J'en ai trop appris de belles en Europe, seulement je n'ai jamais vraiment osé pousser le bouchon trop loin de peur de me faire lapider sur la place Anneessens. Ici, entre le « aucun souci à avoir » ressenti post exploration et surtout ce retour à la fac où les jeunots dandinent leurs postérieurs aussi fermes que de la roche, casquette vissée sur le crâne, il fallait que j'agisse : la dernière fois que je me suis pointé en cours (j'adore dire cette putain de phrase), c'est à peine si une de mes camarades ne m'a pas sorti un : « Monsieur, c'est bien ici le cours d'histoire de la mode? ». « Non mais, espèce de grosse conne, est-ce que j'ai l'air d'avoir 45 ans ?! ». Il faut dire que ma longue chemise en soie Dévastée et mes mocassins en cuir sortis de la très chic boutique de Mademoiselle François juraient un tout petit peu avec la faune ambiante.
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+= FAUNE AMBIANTE.
En effet, au pays du caribou, du sirop d'érable et des marchés bio, on ne lésine pas sur la « coolitude ». C'est comme si on nous disait dès le départ : «Ecoute, il fait -12 000 ici l'hiver, alors c'est confort, cool et mode, dans cet ordre mec ! Il faut d'abord penser à survivre petit européen ». Tout ça mixé avec un gros relent de new age attitude façon « soigne ton corps où tu mourras dans d'atroces souffrances ». Ben, en résulte que tu ne fais pas trop ton malin… Mais ce n’est pas pour me déplaire. J'ai toujours rêvé de sortir de chez moi pour aller acheter ma lessive en jumpsuit blanc imprimé « la mode aura ma peau », une fourrure de lapin sur le dos, des lunettes rondes à la Lynch et des baskets collector customisées par un obscur designer islandais. Ici, je peux et au final, je dois.
Alors, en route, ma poule ! Hormis les très « traditionnelles » ou plutôt évidentes silhouettes de Jeremy (Scott) pour Adidas, on fait péter tous les looks de la très dérangée griffe Cassette Playa, ou encore : « Bonjour ! J'ai inventé le grotesque couture ! », une sorte de mélange démentiel de pop culture outrageante et de nu-rave modernisée, pourtant assurément trendy.OK, c'est peut-être un peu too much au quotidien… Alors, pour s'assagir les jours où on doit présenter un exposé sur Coco et ses relations douteuses lors de la Seconde Guerre mondiale, on optera pour la marque Misericordia. Griffe franco-péruvienne à 20 000 % éthique, son fondateur est la mère Teresa de la mode: Il construit des écoles au Pérou, fait travailler des milliers de gens convenablement, sauve des orphelins…On aime. Alors, on banque et on est fier. Plus de honte à faire la modasse. Surtout que leur petit style nerd-intello-bourgeois n'est pas dégueu du tout et colle parfaitement à une pré-trentenaire retournant draguer les maris sur les bancs de l'école.
Pour les réfractaires, sachez que Kriss Van Assche collabore depuis plusieurs saison avec eux maintenant. Soit ! Par contre, celui qui a été mon plus gros tabou bruxellois, celui qui m'a fait fantasmer pendant cinq ans, sans jamais avoir eu les couilles de le porter, c'est Bernhard Willhelm.
Alors lui, je l'idolâtre pour une chose, c'est sa faculté à faire une mode sans aucune concession. Même si c'est immettable (c'est souvent TRÈS immettable), il s'en contrefout, il présente et ça roule ! C'est que c'est possible ! Il y a moyen de s'habiller avec des gens qui ne sont pas des vendus ! Problème, c'est aussi immettable que c'est foutrement inabordable.
Même en soldes, impossible de se payer une pièce. Mais comme maintenant je sais que je vais pouvoir le porter sans risquer une guerre de religion, I'm saving my money (oh putain, ça recommence !). L'été prochain, je serai en Willhelm ou je serai ronchon.
On ne vous parle pas des BAPE clothing, marque japonaise et fétiche de ce bon vieux Pharell Williams, BBC (Boy Billionaire Club), fer de lance du streetwear de luxe ou autre classique dans le genre college comme Kitsuné. Après, vous allez dire qu'on est trop long. En tout cas, je teste, hein ! On verra bien ! Ce qui est certain, c'est qu'ici, je ne vais pas choper les jolis garçons avec les codes européens. Et le mari pour passer l'hiver au chaud, c'est plus important que d'être fidèle à sa patrie mode… Té-té-té ! Il n'y a pas de « mais… ». C'est pas vous qui allez vous geler les couilles pendant six mois. Et puis, ça c'est pour le jour, attendez de voir le soir…
Bien à vous.
PS : Pour les sneakers, PITIÉ ! On reste traditionnel et on ÉVITE à tout prix les sneakers proposées par les maisons de couture, c'est tellement surfait, ringard… Ça crie : « J'assume pas d'être un vieux-jeune ! ». Moi, j'assume ! Alors, je suppose que s’il existe des marques qui sont SPÉCIALISÉES dans leur création, c'est pas pour rien. Merci.