J'attendais avec impatience ce deuxième roman de Brady Udall. Je gardais un excellent souvenir du Destin miraculeux d'Edgar Mint.
Dans Le polygame solitaire l'auteur immerge son lecteur dans une famille mormonne sous l'angle de trois personnages différents :
Le père, Golden Richards, a choisi de vivre selon le "Principe" qui veut qu'un homme ait plusieurs épouses et procrée le plus possible. Mais Golden est débordé par ses quatre femmes et ses vingt-huit enfants et rêve d'évasion.
Pendant ce temps, sa plus jeune femme, Trish, se sent complètement délaissée par son mari et déprime.
Rusty, un de ses fils, perturbé et en manque d'affection, fait les quatre cent coups. Sa mère, Rosa, dépressive, est internée en hôpital psychiatrique.
Berverly, la première épouse règne en tyran sur cette tribu.
Un chantier loin de chez lui donne l'occasion à Golden de changer d'air. Il tombe amoureux de la femme de son client, Houila. Le voilà tiraillé entre ses devoirs conjugaux et familiaux et la tentation d'abandonner femmes et enfants pour s'enfuir avec Houila.
Brady Udall sait de quoi il parle puisqu'il a grandit lui-même dans une famille de
Mormons. C'est un conteur hors-pair.
Il fait alterner avec habileté les points de vue des différents personnages, les moments comiques et les moments dramatiques. On passe d'une époque à l'autre sans suivre d'ordre chronologique.
Mais à aucun moment on ne ressent ennui ou lassitude.
Ce pavé de plus de 700 pages m'a paru un peu moins passionnant, peut-être un peu moins caustique aussi, que le Destin miraculeux... mais ça reste un excellent roman et Brady Udall reste pour moi un auteur à suivre de près.
premières
phrases : " Pour le dire le plus simplement possible, c'est l'histoire d'un polygame qui a une liaison. Mais bien sûr, c'est beaucoup plus compliqué. La vie d'un polygame, même
dépourvue de mensonges, de secrets et d'infidélités est tout sauf simple. Prenez, par exemple, ce vendredi soir en début de printemps où Golden Richards rentra à la Grande Maison -l'une des trois
qu'il appelait son foyer- après une semaine passée sur le chantier. On aurait dû assister à la plus charmante, la plus innocente des scènes familiales. : un père rentre chez lui accueilli avec
amour par ses femmes et ses enfants. Alors qu'il s'engageait dans la longue allée gravillonée, Golden n'ignorait pas qu'en réalité, ce qui l'attendait n'aurait rien de charmant, d'innocent ou
quoi que ce soit de ce genre."
Le polygame solitaire, Brady Udall, Albin Michel, 735 pages.