Le ciel marseillais s’est assombri hier. En colère contre Nicolas Sarkozy, l’ex-Premier ministre a annoncé qu’il boycotterait le petit déjeuner hebdomadaire de la majorité, mettant à mal une belle image de cohésion voulue par le parti.
Le parc Chanot, où se déroule durant trois jours le campus des jeunes UMP à Marseille, n’est pas un parc d’attractions. Ce qui le dispensera de l’augmentation de TVA prévue par le gouvernement dans son plan de rigueur. Et permettra par conséquent à Jean-Pierre Raffarin de venir comme prévu animer les débats aujourd’hui…
L’ancien Premier ministre est pourtant très en colère. Absent hier de Marseille, il a néanmoins créé l’événement par une petite phrase écrite sur son blog par laquelle il indique son intention de boycotter le petit déjeuner hebdomadaire des dirigeants de la majorité à l’Élysée. Raffarin, très attaché au Futuroscope, voulu par son ex-mentor René Monory, a vivement critiqué le projet de hausse de TVA sur le billet d’entrée dans les parcs à thème. Il est d’ailleurs largement suivi sur ce point par la majorité, puisque la commission des Finances a déjà voté la suppression de cette mesure…
Mais sa prise de position lui a valu les foudres de Nicolas Sarkozy lors du petit déjeuner de jeudi. « C’est irresponsable, surtout venant du premier vice-président du conseil national de l’UMP ! » aurait lancé le président de la République, en l’absence de l’intéressé. Une déclaration « brutale », « qui mérite clarification », jugeait hier matin l’ancien Premier ministre, annonçant sa mise en congé de cette instance totalement informelle.
Objectif manqué
Pour mieux souligner qu’il en veut à Nicolas Sarkozy et à personne d’autre, Jean-Pierre Raffarin viendra néanmoins ce matin
à Marseille présider le conseil national de l’UMP et certains travaux du campus. « Par égard pour Jean-François Copé et Jean-Claude Gaudin », insiste-t-il. Nul doute que l’ancien
Premier ministre sera accueilli avec un intérêt qu’il n’avait plus guère suscité depuis son départ de Matignon, il y a six ans.
Même si ce n’était pas son objectif, Jean-Pierre Raffarin peut en tout cas se targuer d’avoir gâché la fête. La belle fête de l’unité que promettait son ami Copé, qui dirige là sa première université d’été depuis qu’il a pris les rênes de l’UMP. « L’objectif de ce campus, déclarait hier Jean-François Copé dans un entretien à « La Provence », est de montrer un parti rassemblé derrière Nicolas Sarkozy, en contrepoint du pugilat que j’ai observé chez les socialistes à La Rochelle. » (??) Objectif manqué, avant même que les jeunes UMP n’aient entamé leurs travaux.
D’autant que certains n’ont pas manqué de répliquer vivement à l’ancien Premier ministre. Tel Lionnel Luca, l’un des animateurs du courant Droite populaire, pour qui Raffarin n’est qu’un « ringard » qui « aurait mieux fait de rester en Chine ». À croire que l’électorat populaire que revendique cette droite-là ne fréquente pas les parcs d’attractions…
Interview au vitriol
Mais Jean-Pierre Raffarin n’était pas le seul hier à sortir le fusil à tirer dans les coins. Au moment où le sénateur de la
Vienne s’épanchait sur son blog, Patrick Devedjian, ancien
secrétaire général de l’UMP, donnait dans « Le Monde » une interview au vitriol. Il y déplorait l’absence de tout grand projet de société à l’UMP, regrettait la critique récurrente chez
Jean-François Copé de la primaire socialiste, et pronostiquait – sans trop prendre de risques – une présidentielle difficile pour Nicolas Sarkozy.
Aigreurs d’« ex » qui veulent exister et considèrent qu’ils n’occupent pas toute la place qu’ils méritent ? Peut-être. Mais ces humeurs et ces critiques reflètent des préoccupations assez largement répandues dans le parti présidentiel, qui souffre décidément de ne pas avoir su organiser l’expression de courants en son sein. Hormis celui de la Droite populaire, dont la tonitruance contraste avec la discrétion de centristes de plus en plus mal à l’aise, et dont certains lorgnent avec intérêt vers Jean-Louis Borloo.
Le campus de Marseille se terminera sans doute demain sur une belle photo de famille, comme l’université d’été de La Rochelle une semaine plus tôt. Mais les arrière-pensées ne seront pas moins présentes. À ceci près que les socialistes sont installés dans une compétition organisée pour l’élection de 2012, tandis que les partisans de Nicolas Sarkozy songent déjà au scrutin d’après.
Bruno Dive pour « Sud Ouest »
Merci à :
Section du Parti socialiste de l'île de ré