L'une de mes découvertes de ces vacances est finalement assez éloignée des turpitudes habituelles d'un blogueur bibliophile, mais puisque rien de ce qui touche au livre ne me laisse indifférent, je trouvais intéressant de la partager. Cette découverte, ce sont les livres pauvres.
Les "livres pauvres" sont des livres d'artistes "hors commerce" qui associent le texte manuscrit d'un écrivain et l'illustration originale d'un peintre. Cette aventure lancée en 2003 a permis la création de plus de mille "livres pauvres", rassemblant de grands auteurs de langue française (Michel Butor, Bernar Noël, Michel Tournier, Annie Ernaux, etc.) puis étrangers et des peintres et artistes divers (Pierre Buraglio, Georges Badin, Coco Texèdre et d'autres).L'appellation "livres pauvres" trouve son explication dans le fait que ces livres sont conçus de façon artisanale, sans les investissements financiers habituels de l'édition: l'auteur compose à la main sur papier vierge chacun des exemplaires, tous originaux et uniques donc, et choisit le peintre qui illustrera son oeuvre: aucun éditeur, aucun imprimeur, aucun graveur n'intervient donc dans le processus. Le tout en six exemplaires: deux pour l'auteur, deux pour l'illustrateur, un exemplaire pour le Prieuré de Saint-Cosme, centre de l'activité du "livre pauvre" (cf. ci après), le sixième étant destiné à des expositions dans le monde entier (il n'en reste donc pas pour les bibliophiles!).Nous sommes donc bien en présence de livres de bibliophilie... auxquels les bibliophiles n'auront jamais accès. Pour en savoir plus, je vous invite à visiter http://revue-texture.fr/spip.php?article268, ou à lire les deux ouvrages de Daniel Leuwers, l'inventeur du "livre pauvre", La belle aventure des livres pauvres, ou Les très riches heures du livre pauvre.Vous pouvez également regarder ceci:Bien sûr, n'oubliez pas que le Prieuré de Saint-Cosme fût la demeure de Ronsard... ce qui ne me console qu'à moitié de ne pas avoir levé la main une fois de plus à Montignac, et de m'en vouloir encore...
Et les livres pour riches alors, me direz-vous? Derrière ce titre un peu racoleur se cache en fait une nouvelle vente de nos amis munichois, la maison de ventes Hampel. A la mi septembre ceux-ci disperseront 1604 livres anciens, pour la plupart en langue française... mais en deux lots seulement. Le premier lot regroupe 1001 ouvrages des 17 et 18ème siècles en langue française, proposé à une estimation de 80.000 à 90.000 euros, ce qui peut paraître intéressant d'un point de vue purement arithmétique, mais a un côté un peu effrayant à mes yeux.
Ce qui est cocasse, c'est que certains d'entre vous retrouveront avec plaisir les livres qu'ils ont vendus à Hampel sur ebay, puisque la méthode est désormais connue: Hampel achète des livres sur ebay, les rassemble en bibliothèque puis les vend tous les six mois. Et la formule fonctionne, en tout cas c'est fort probable, puisque la maison de ventes renouvelle la chose. On appréciera la description du premier lot de 1001 livres: la bibliothèque représente 50 rayons sur une longueur totale de 30 mètres. A vous de choisir votre façon de côté: cela ne fait même pas 2900 euros le mètre, et moins de 100 euros le livre....
Le deuxième lot est plus rentable, 603 ouvrages pour 15000 euros, même pas 25 euros du livre. Aha, je sens que les appétits se réveillent!
Passons à quelque chose de plus sérieux, une lectrice du blog, chercheuse, travaille sur la bibliothèque de Montaigne mais rencontre un problème que même la BNF n'a pas été en mesure de résoudre. Barbara cherche à identifier un amateur au catalogue duquel figure l'Appianus ayanat appartenu à Montaigne (n°121): cat Drouot, Bibliothèque d'un amateur. Livres anciens, rares ou précieux des XVIe au XIXe siècles (17-18 mars), Paris Lecomte, 1975. Mais il semble impossible d'identifier l'amateur, qu'en pensez-vous?
Enfin... trois catalogues de vente reçus hier, ça fait du bien!
H