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[Critique cinéma] This must be the place

Par Gicquel

[Critique cinéma] This must be the placeAprès avoir magistralement abordé  la politique italienne (« Il divo ») à travers la vie du sénateur Giulio Andreotti, Paolo Sorrentino, change totalement de registre en abordant une autre existence : celle d’une ex rock-star irlandaise, qui à la mort de son père rejoint les USA pour accomplir ce que celui-ci  n’a jamais pu achever.

Je n’ai pas trop envie d’en dire plus sur le fond de l’histoire qui se révèle elle-même très bien et très logiquement , tout au long du film. Ce qui importe à mes yeux , c’est plus la manière dont le réalisateur la conduit à travers ce portrait de Cheyenne, (   Sean Penn )star recluse dans une jolie demeure irlandaise , taraudée par un passé dont le lustre est aujourd’hui bien gommé.

L’homme au regard vide et apeuré, ne s’en plaint pas et se complait dans un quotidien où une femme aimante et tout à fait  «  normale » l’accompagne avec bonheur et drôlerie (Frances McDormand  ,très à l’aise). Tout est dans la demi-teinte, jamais dans l’effusion. Ses secrets, Cheyenne les tait où les épanche sur une tombe en Irlande dont on lui interdit pourtant l’accès. Un douloureux souvenir au cœur de l’artiste.

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La disparition paternelle accentue le mal-être qui lui vient peut-être de l’enfance, du jour de ses treize ans où il décida que son père ne l’aimait pas. Il ne le reverra que sur son lit de mort, emportant sous terre une histoire que Cheyenne va s’efforcer de reprendre à son compte , pour mieux l’exorciser.

Au-delà de la quête très personnelle d’un homme avec sa propre filiation ,le cinéaste nous convie à un voyage en solitaire, extatique (il faudrait peut-être revoir «Paris Texas) au cœur de ses blessures , les plus enfouies , ravivées par  le souvenir et les remords. Dire que Sean Penn est extraordinaire ne rapporte qu’une part de la vérité, dans un film où il est de tous les plans, en accord avec chaque genre abordé par Paolo Sorrentino , qui du rêve ou de l’instrospection, de l’humour ou de la gravité, donne chaque fois libre cours à des réflexions qui tombent sous le bon sens.

[Critique cinéma] This must be the place

Le plus déjanté n’est pas forcément celui que l’on croit et dans sa lente descente aux enfers, Cheyenne, démiurge raisonnable retrouve malgré tout une seconde chance à sa vie qu’il pensait  définitivement enterrée

Je ne sais quel rapport le réalisateur entretient avec David Byrne, le chanteur des Talking Heads à qui l’on doit le titre. Il joue son propre petit rôle dans ce film, donnant la réplique à Cheyenne sur le destin des pop stars : encore un échange  savoureux.


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