Déjà rencontrée en France en 2004, et décrite dans une étude récemment publiée dans la revue Clinical Infectious Diseases, la bactérie Klebsiella pneumoniae, une entérobactérie, s'avère résistante à de nombreuses classes d'antibiotiques. Si sa diffusion reste très limitée et si la bactérie ne semble pas en cause dans les récents décès de l'hôpital de Massy, elle a déjà fait des morts en France et dans de nombreux autres pays. La vigilance s'impose.
En juin 2004, la survenue de cas groupés d'infections ou colonisations à Klebsiella pneumoniae multi-résistante aux antibiotiques avait été déjà été constatée dans un service hospitalier de la région parisienne. La souche alors identifiée était résistante à toutes les béta-lactamines sauf à la colistine. 3 patients étaient décédés. Dans l'épisode récent de Massy, la bactérie ne serait pas responsable, selon de nombreux experts (Inserm, Générale de Santé), des décès constatés en juillet à l'hôpital privé Jacques-Cartier. Ces 5 patients, comme 11 autres, sont décrits comme porteurs de la bactérie, mais non infectés. Ils auraient juste été colonisés par la bactérie et seraient décédés de leurs pathologies.
K. pneumoniae est responsable d'infections communautaires (urinaires et respiratoires) et d'infections opportunistes chez les malades hospitalisés (infections urinaires, broncho-pulmonaires, septicémies avec choc, …). La transmission des souches de K. pneumoniae en milieu hospitalier est surtout manuportée. Selon l'InVS, en 2001, la bactérie représentait 3% des micro-organismes isolés d'infections nosocomiales.
L'étude publiée dans Clinical Infectious disease décrit la survenue en 2010 chez 5 patients américains, d'une infection par Klebsiella pneumoniae et d'un décès en lien avec l'infection bactérienne. Parmi les 5 patients, un des patients contaminés n'avait jamais été exposé à la colistine et avait été colonisé par la bactérie, résistante, lors de son hospitalisation. Elle apporte des précisions intéressantes: Ces infections à Klebsiella pneumoniae touchent des personnes dont le système immunitaire est très affaibli, en attente ou après une greffe, ou suite à une grave blessure traumatique. Ce type d'infections nosocomiales résistantes et inattendues, précisent les experts, complique l'évolution d'un patient déjà très malade. Les victimes américaines ont ainsi du rester hospitalisées de 6 semaines à 6 mois, pour l‘hospitalisation la plus longue. Enfin, la bonne nouvelle, toujours selon les experts, est qu'un traitement est toujours possible. Ainsi, ces patients ont répondu à la tigécycline, un médicament relativement nouveau. Selon le score de sensibilité et résistance publié dans la revue, la tigécycline restait le seul médicament à fonctionner encore.
Ces dernières années, d'autres cas avaient été signalés dans un service de soins intensifs à Lisbonne* en Hongrie, en Grèce, en Corée et aux Pays Bas (80 patients dont 27 décès).
La bactérie est donc déjà connue des scientifiques. Bien que la diffusion de cette souche soit très limitée, une vigilance particulière s'impose en raison des possibilités thérapeutiques très réduites face à la bactérie.
Source: InVS “Cas groupés d'infections à Klebsiella pneumoniae 18/06/2004”, Clin Infect Dis. (2011) 53 (4): 373-376. doi: 10.1093/cid/cir401 “Colistin-Resistant, Klebsiella pneumoniae Carbapenemase (KPC)–Producing Klebsiella pneumoniae Belonging to the International Epidemic Clone ST258 ” et BMC Proceedings 2011 5 (Suppl 6):O78. « Ventilator touchscreen as source of ESBL-producing Klebsiella pneumoniae outbreak ».
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