La fée Inspiration ? (Paris 20e)
Voilà. C'est décidé. Je vais l'écrire ce putain de roman qui me taraude depuis...
Passer du il-faut-je-vais au je-fais.
De temps en temps, je lis le blog de Stella Duffy (en anglais). Sur les affres de l'écriture, de l'édition. Ses tenants et ses aboutissants. Du concret. Du pas glamour. Pour tous les lecteurs curieux du comment-ça-marche, c'est une démarche que je trouve passionnante. Et même pédagogique.
Dans son dernier billet (Writer : job description), elle écrit : « If I had a pound for every time someone’s said “ooh, it must be lovely to write full time” … I’d have a lot of pounds. » (Si j’avais un euro chaque fois qu’une personne me dit « ooh, ce doit être chouette d’être écrivain » … je serais riche.*)
Autre exemple. Dans mon entourage, Tilly a eu une démarche similaire (plus succincte mais similaire). Ecrire un blog signalant l'avancement de son projet, les coûts, les contacts, etc. toutes considérations concrètes. Elle est allée au bout du concept. S'est auto-éditée. Et vend ses jolis p'tits pains. En quelque sorte, elle peut se targuer d'être auteure, puisqu'elle a été lue, éditée. Certes via des canaux parallèles. Mais elle a retroussé ses manches, elle.
Parmi les adeptes des canaux parallèles figure son maître à penser. Marc-Edouard Nabe, un écrivain qui aime égratigner les libraires, les éditeurs, les tenants du c’est-comme-ça-et-pas-autrement. On en pense ce qu’on veut mais il a du talent, le garçon. Lire L’homme qui arrêta d’écrire. On ne devient pas presque-Renaudot sans talent, sans travail, sans acharnement. Si ?
Mais je digresse, Inès.
A mon tour d’ajouter mon caillou à la blogosphère littéraire. En publiant ici, de temps en temps, l’itinéraire d’un roman, le mien.
Combien de fois j'ai été encouragé, soutenu, dans cette démarche d’écriture. Mon amie Nicole m'avait formé à la traduction littéraire. A mon actif une douzaine d'ouvrages (sous un nom d'emprunt, une demande de mon éditrice chez J'ai lu). Un jour, Nicole, qui connaît l’édition comme sa poche, qui a pour le métier un respect, un amour contagieux, répond à un de ses "poulains". A mon propos, il ironise, presque jaloux de l’intérêt qu’elle me porte : « c’est ton nouvel auteur ? ».
Ce premier roman, c’est pour elle que je l’écris.
Dans la famille des écrivains que je côtoie (dans l’espoir naïf d’être éclaboussé par leur talent), j’ai récemment déjeuné avec William Réjault. A ma proposition de corriger un de ces billets de blog, il répond par une invitation à déjeuner. La conversation a vite dévié sur l’écriture. Sur ses romans, ses projets. Ses joies et déconvenues. Et sur mon idée de roman. Je crois bien n’en avoir jamais parlé ainsi. Mon émotion n’a pas dû lui échapper longtemps.
Sa franchise m’étonne encore. Et me réjouit. Il me dit en substance : « Quand je vois ton blog etc., j’ai envie de te donner des baffes. » « Tu as un sujet incroyable, tu as la matière, tu écris bien. Qu’est-ce que tu attends ? »
Avant de plonger dans le grand bassin, de me frotter aux mots, de les nourrir de sincérité, je jette ce billet à la mer. Comme un début de carnet de voyage littéraire. Un défi, une promesse à moi-même.
Mais j’y songe ! Je l’ai déjà écrit, mon premier roman. C’est étrange comme on efface certains pans de notre existence. C’était au collège, je devais avoir 13 ou 14 ans. J’avais pondu un roman policier et, pas peu fier, je l’avais envoyé à un éditeur de la place de Paris. J’avais reçu une lettre d’encouragement puis avais jeté aux orties l’objet retourné. En me disant que plus jamais.
Il est temps que je m’y remette.
* Libre traduction