A propos de Les Winners de Thomas McCarthy 3 out of 5 stars
Paul Giamatti, Alex Shaffer
Dans une banlieue du New-Jersey, Mike Flaherty (Paul Giamatti) mène une existence en apparence heureuse. Avocat, père de famille, il dirige l’entrainement d’une section de lutteurs du lycée qui brille par sa médiocrité. En proie à des problèmes financiers, Mike accepte de devenir le tuteur légal de Leo Poplar, une personne âgée et un brin sénile. Mais contre son gré, à la fois secrètement et en toute illégalité, Mike place le vieillard dans une maison de retraite. Les problèmes commencent lorsque débarque Kyle, le petit-fils de Leo. Âgé de 16 ans, Kyle est un adolescent mal dans sa peau et en froid avec sa mère. Mais c’est aussi un ancien champion de lutte en qui Mike voit tout le potentiel pour sauver son équipe…
Voilà une petite comédie réjouissante qui n’en est pas vraiment une. Réjouissante parce que voir Paul Giamatti jouer l’est toujours. Pas vraiment une comédie parce que Les Winners (en anglais Win Win) aborde en creux les ravages causés par la crise économique mondiale dans une petite famille américaine.
Sous des allures de comédie, Les Winners décrit le pacte secret que fait un avocat avec le Diable pour sauver sa famille de la faillite financière. Mais c’est aussi l’histoire d’un drame intime vécu par un adolescent en fuite, traumatisé par les errances d’une mère alcoolique. C’est bien connu, aux États-Unis, on lave son linge en famille. Le troisième film de McCarthy n’échappe pas à la règle.
Bobby Cannavale, Paul Giamatti
Les Winners est du même tonneau que The Visitor. Pas aussi émouvant peut-être mais construit de la même manière : deux êtres de condition sociale et d’origine très différentes vivent chacun de leur côté un drame intime. Peu enclins à se rencontrer, ils vont finalement devenir les meilleurs amis du monde. Dans Le sang des Templiers, on se souvient que la présence de Giamatti parvenait à sauver le film du naufrage. Ici, on retrouve tout son potentiel comique dans son jeu tout en impassibilité. L’immobilité des traits de son visage emprunte beaucoup au cinéma muet : moue triste, regard un brin désabusé sur le monde. Avec son physique « banal » d’« Américain moyen », yeux globuleux, visage rondouillard, crâne dégarni, Giamatti n’en porte pas moins un regard profond sur les choses. Forcément désespéré.
Les liens qui vont bientôt l’unir à Kyle (excellent Alex Shaffer) redonnent un sens à sa vie. Dommage que McCarthy n’ait pas davantage approfondi la relation entre Mike et Kyle comme il l’avait entre le professeur d’université et un étranger en situation irrégulière dans The Visitor.
Mais Les Winners peut s’appuyer sur des seconds rôles extraordinaires, de Burt Young (Leo Poplar) à Amy Ryan (la femme de Mike) en passant par Bobby Cannavale (le meilleur ami de Mike). Dans sa manière d’en faire systématiquement trop, de sortir des phrases bizarres et la plupart du temps inintelligibles, dans son côté loser aussi (sa femme l’a quitté pour un plombier), Bobby Cannavale participe aux meilleurs moments comiques du film.
www.youtube.com/watch?v=uQGkhGWWajM
Film américain de Tom McCarthy. Avec Paul Giamatti, Bobby Cannavale, Alex Shaffer, Burt Young (1h49).
Scénario : 3 out of 5 stars
Mise en scène : 3 out of 5 stars
Acteurs : 4 out of 5 stars
Dialogues : 3.5 out of 5 stars