Dégradation du climat politique en Inde

Nous voilà de retour à Bombay.

En moins de trois semaines d'absence, il s'est passé pas mal de choses en Inde.

Anna Hazare dont nous avons abondamment parlé dans ce blog (depuis début avril) a de nouveau fait la une des journaux et les medias étrangers (Le Monde, le Courrier International...) ont commencé à s'intéresser à lui. Il semble avoir obtenu de nouvelles concessions du Parlement ; nous écrivons "il semble" car malheureusement les journaux indiens sont d'une imprécision stupéfiante. Quoiqu'il en soit, il a mobilisé les foules à plusieurs reprises.

Son action fait penser à Gandhi car il agit sans violence, sa seule arme étant la grève de la faim. Ce qui est remarquable est aussi le fait que, contrairement à Gandhi, Anna Hazare n'a pas fait d'études ; il n'est rien d'autre qu'un activiste social qui fut longtemps conducteur de camion dans l'armée...

Mais la classe moyenne indienne est tellement excédée par la corruption qu'elle se rassemble sans peine derrière ce nouveau leader charismatique. Un media de Hong Kong notant même que Hazare fédérait le pays car il rassemble aussi bien les hindous que les musulmans.

Même si les propositions d'Hazare sont à améliorer (notamment sur la séparation des pouvoirs d'investigation et des pouvoirs de sanction), Hazare est un phénomène de société.

Le calendrier politique n'est pas étranger à l'émergence de ce mouvement ; Sonia Gandhi la chef du Parti du Congrès (celle qui dirige de fait le pays, à l'instar de Poutine en Russie) est actuellement hospitalisée aux USA pour un problème de santé que l'on dit très sérieux. Son fils Rahul aurait du saisir l'occasion de son absence prolongée pour s'affirmer enfin comme successeur de sa mère à la tête de la dynastie Nehru-Gandhi, mais cela ne s'est pas produit. Le Parti du Congrès n'a pas d'alternative immédiate à une éventuelle succession de Sonia Gandhi.

Pendant ce temps, les affaires de corruption continuent de faire la une des journaux. Un ami indien me commentait ainsi hier une affaire de corruption à Chennai : "de toute façon, tout le monde sait, que lorsqu'on fait du business dans le Tamil Nadu avec les autorités, il faut payer des pots de vins".

Pendant ce temps également, l'inflation reste élevée, autour de 10%.