Forcément, lorsque le premier soir du festival, on privilégie un film annexe à la soirée de lancement, on se trouve dans des couloirs plus calmes. Ce qui ressemble à une équipe de film papote à l’étage pendant que les festivaliers attendent que les portes de la salle 100 s’ouvrent pour aller découvrir Confessions. Pour l’occasion, ce n’était pas la foule des grands soirs, qui donc s’était sûrement calée sur The Divide, mais bon an mal an, la salle a fini par se montrer quasi pleine. L’ambiance de L’Étrange Festival est revenue comme si l’édition 2010 s’était achevée hier. L’ami Guillaume d’1kult qui me raconte El Infierno qu’il a vu juste avant et compare avec moi son agenda de projections prévues au cours du festival, une cinémaniaque un peu plus à droite qui parle toute seule et fait craindre qu’elle commentera peut-être le film en le visionnant (ouf, elle s’est retenue), Douglas Buck, présent le lendemain en tant que réalisateur d’un sketch de Theatre Bizarre, se trouve un fauteuil de libre, et une présentation en règle du film du soir, sur le ton de la connivence, avant qu’un court métrage plutôt fun, Viva Las Possum (australien vu les accents) ne nous déride avant le plongeon dans le grand bain.
Cette séquence dans la salle de classe s’étire avec une audace étonnante. Non contente de poser le cadre, les personnages et l’intrigue, le cinéaste y reste encore tandis que d’autres en seraient déjà sortis depuis longtemps. Le discours de l’enseignante rebondit, la réaction des élèves évolue, des flash-backs viennent nourrir le récit, mais la salle de classe reste là. Et avec elle, un regard impitoyable sur la jeunesse japonaise, insouciante, mais d’une insouciance sombre, un monde à part dans lequel le respect n’existe pas et les moqueries, la violence physique et morale constantes. Le regard est fort, dur. Le propos de Nakashima sera, à l’aune de ces premières minutes, implacable, cela semble acquis.
Confessions se veut un film choc, jusqu’au-boutiste, enfonçant la société japonaise là où elle doit, selon le cinéaste, être pointée du doigt, sur les relations parents/enfants, profs/élèves, élèves/élèves. La violence est partout, et ses conséquences sont sévères. Le résultat est fort, mais trop noyé dans le désir d’esthétisme visuel et narratif, trop freiné par des longueurs accentuées par le bordel ambiant. Une entrée en matière mordante pour L’Étrange Festival, à défaut d’être emballante.