Voilà plusieurs mois que ce roman de Martin Suter m'alléchait sur les étals des librairies mais c'est à la bibliothèque que j'ai fini par céder à son titre, sobre, Le Cuisinier.
Je l'ai dévoré mais en suis sortie subjuguée par l'amuse-bouche et déçue par ce qui suit.
Un jeune réfugié tamoul, Maravan, cantonné à des tâches subalternes dans la cuisine, se retrouve l’objet de toutes les railleries de la brigade du Huwyler, restaurant haut de gamme, quand il propose au chef de réaliser un curry.
Andréa, la belle serveuse, prend par bravade sa défense. Pour la remercier, Maravan l'invite à dîner. Dans ce repas, il met tout son coeur, toute sa connaissance de la cuisine moléculaire et toute la magie de la cuisine ayurvédique transmise par sa grand-mère.
Andréa, bluffée par l'effet que produit sur elle ce menu, propose à Maravan (viré de son boulot pour avoir emprunté un ustensile très cher afin de concocter des mets hors du commun) de s'associer pour proposer des menus aphrodisiaques à domicile.
Tout le temps des préparatifs du dîner originel, fascinée par la description des manipulations de Maravan, par la passion qu'elles trahissaient, j'étais médusée, impressionnée à chacune des étapes et frustrée aussi de ne pouvoir qu'imaginer un tel festin des sens.
Mais au fur et à mesure de l'évolution de leur entreprise baptisée Love Food et des collusions avec la situation géo-politique, mon
adhésion est allée en diminuant.
Autant j’ai été envoûtée par la passion de Maravan transmise par Nangay sa grand-mère, touchée par le lien qui les unit, autant les rebondissements liés à la situation au Sri-Lanka m’ont laissée de marbre.
L'histoire de son neveu, lui aussi habité par la passion de la cuisine, enrôlé de force au Sri-Lanka m'a laissé en bouche un arrière-goût d'ingrédient narratif trop chimique, adressé plus à nos glandes lacryminales qu'à nos synapses.
A la fin du livre, j'ai eu la bonne surprise de voir que quelques recettes étaient expliquées.
J'ai choisi celle à laquelle Maravan donne lors du premier repas la forme d'un coeur puis façonne en sexe féminin quand sa cuisine devient prestation tarifée.
Petits cœurs au poivre glacé, aux pois chiches et au gingembre
50g de riz Sali (mes recherches sur G... n'ont pas éclairci ce mystère, d'ailleurs la plupart des réponses que G... remontait renvoyait à ce livre. N'hésitez pas à partager vos lumières sur le sujet dans les commentaires). Dans le doute j'ai utilisé le seul riz qu'abritait mes placards, du riz sauvage de Provence que j'ai cuit au préalable.
300 ml de lait (la version grand format du livre contenait une erreur puisque'elle indiquait 300 ml de riz !)
2 cà s de farine de pois chiche
1 cà s de ghee
2 cà s de sucre de palme
1 c à s d’amandes hachées
1 cà s de raisins secs (remplacés par des canneberges).
3 dattes
1 c. et ½ à café de poudre de gingembre
¼ de c. à café de poivre noir moulu
Humidifier le riz avec le lait et piler en ajoutant constamment du lait jusqu’à la formation d’une pâte fine et humide.
Ajouter 150ml de lait, bien remuer
Passer le tout à travers une gaze fine et bien presser. Ajouter 50ml de lait supplémentaire à l’extrait obtenu. Faire griller la farine de pois chiche dans le ghee, faire cuire dans le liquide avec le sucre et travailler à petit feu en remuant constamment pour obtenir une pâte visqueuse. Ajouter les autres ingrédients et mélanger à petit feu 2 à 3 mn. Etaler la pâte sur une plaque de cuisson et laissez refroidir. Couper et modeler
Faire sécher au four à 60°C. (j'ai profité du four allumé à 170°C pour un autre gâteau, ils m'ont paru prêts au bout d'1/4h).
Glaçage
100g de sucre en poudre (j'ai mis du glace)
1 cà s de sirop de grenade (remplacé par de la grenadine)
Ces biscuits étaient gustativement très étonnants et offraient un beau contraste entre les saveurs relevées et un peu "brutes" du biscuit et la douceur du glaçage.
Une expérience qui ne m'a pas convaincue de lire d'autres romans de Suter mais m'a persuadée d'explorer la cuisine ayurvédique.