Qu'allais-tu faire aussi, Amélie, dans cette galère qatari ? Grappiller des points pour le Top Ten de la WTA, d'où l'appendicite t'a mise à bas ? Mais ce n'est pas parce que dans le vent et le froid tu as échoué encore une fois, qu'il faut mettre ta raquette au clou, prendre ta retraite, loin des courts, loin de nous.
Tanasugarn t'as mis une claque, avec pour public quatre insomniaques. Mais ton palmarès est là, tu le sais, tu vaux bien mieux que ça. Les esprits chagrins te disent peu fiable, friable comme le pot de terre de la fable. C'est ce qui fait aussi ton charme, la victoire le poing serré, la défaite dans les larmes. Dans le tennis de haut niveau, fait d'homme-machines et de robots, tu gagnes un jour, puis tu tombes de haut. T'es trop humaine, voilà ton lot.
Même lors de tes plus belles séries, tu ne sembles jamais intouchable. Lorsque ton physique sourit, ton mental reste instable. Un bon psy t'aurait sans doute servi, aidé à trouver ce qui te pourrit la vie. Mais tu n'en as pas rencontré, ou alors pas un bon, de ceux qui méritent qu'on leur lâche des biftons. T'es fragile, voilà, t'écris ton palmarès, cahin-caha. Tu n'es pas une Hénin psychopathe, genre "Pour m'sortir du court, faut qu'on m'abatte !" Tu ne feras jamais le Grand Chelem, trop irrégulière, c'est ton problème. Ne crois pas que ça nous gêne, au contraire, c'est comme ça qu'on t'aime. Une vrai championne française, parfois minable, parfois balèze. C'est aussi ça la tradition, sur terre battue comme sur gazon…