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Publié le 03 septembre 2011 par Dubruel

« COCO, COCO, COCO FRAIS ! »

De la rue, monta un cri : « Coco frais, coco !

Rafraichissez-vous ! Qui veut du coco ? »

Cet après-midi de juillet était brulant

Alité, mon oncle expirait sereinement.

 

Le notaire ouvrit son testament.

Mon cousin héritait naturellement

De tous les biens de son père.

Mais ce fut la stupéfaction

Quand on entendit : « Je laisse à Pierre

Mon manuscrit sur la superstition.

Il le trouvera dans mon bureau

Avec cent francs qu’il remettra

Au premier vendeur de coco

Qu’il rencontrera. »

 

Le manuscrit donnait l’explication.

En résumé, il disait textuellement :

« Une étoile s’allume en même temps

Que nait un enfant, dit-on.

On croit à l’influence des comètes,

Aux mauvais sorts que des gens jettent,

On craint le chiffre treize, les vendredis…

L’homme vit

Sous le joug des superstitions

Car trop superficielle est son observation. 

 

Ma mauvaise étoile : un vendeur de coco.

Il a crié dans la rue sitôt

Que je naissais.

À huit ans, j’allais aux Champs-Elysées

Avec la bonne. Arriva dans notre dos

La voiture d’un marchand de coco.

Elle nous a renversés.

J’eus le nez cassé.

 

Le jour de mes seize ans,

Je fus invité par des amis

Pour chasser en forêt de Senlis.

Au moment

De monter dans la diligence,

(Vous allez dire « coïncidence »,

Sans chercher au-delà.)

Une voix m’interpella :

« Coco frais ! »

Ces mots, vous en conviendrez,

N’ont rien de bizarre. 

N’y voyez que la cause du hasard.

Je n’étais point maboule

Mais je tirais sur un chien

Que j’avais pris

Pour un lapin et tuais une poule

Que je crus bien

Etre une perdrix.

 

Le matin de mes vingt-cinq ans,

Un autre marchand

Me tendit un verre de sa boisson.

Je bus le coco sans façon.

Or ce jour là, je rencontrais une belle

Qui devint ma femme…avec laquelle

Je ne fus jamais heureux.

Enfin, voici le malencontreux

Vendeur de coco

Qui brisa ma carrière illico.

Je venais d’être diplômé

Et devais visiter le Recteur

Avant d’être nommé

Adjoint d’un Président d’Université.

Je partais donc me présenter

Il pleuvait. J’étais en retard. Je me pressais

Quand sur le sol boueux je glissais.

Un cri aigu me perça alors les oreilles :

« Coco, coco ! qui veut du coco ? »

Je me retrouvais dans une flaque d’eau

Accroupi, souffrant d’un orteil.

Le temps de rentrer changer d’effets,

L’heure de l’audience était passée.

J’étais refait.

Je m’excusais. »

 

Le manuscrit se terminait par ces mots :

« Méfies-toi des marchands de coco. »

 

Le lendemain, croisant

Un vieux porteur de coco.

Je lui donnai aussitôt

Un billet de cent francs.

Stupéfié,

L’homme me répondit : -Soyez remercié

Mon bon seigneur,

Cela vous portera bonheur !

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Une noix, bonne noix.

Deux noix, assez de noix.

Trois noix, trop de noix.

Dicton

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