[Critique] UN HEUREUX EVENEMENT de Rémi Bezançon

Publié le 03 septembre 2011 par Celine_diane

[ AVANT-PREMIERE ]

En adaptant le roman éponyme et controversé d’Eliette Abeccassis pour son troisième long métrage (après les très bons Ma Vie en l’Air et Le Premier Jour du reste de ta vie), Rémy Bezançon confirme sa capacité étonnante à allier réalisme brut et beauté sincère des images. La cinégénie de la vraie vie, en quelque sorte. Dans Un Heureux Evènement, il filme la maternité en deux temps : d’abord, les idéaux des conceptions communes ; ensuite l’horrible réalité. Le rêve et l’idée, avec imagerie colorée et rythme comique effréné, violemment écorchés par le monde réel, terne, désenchanté. Soit Barbara, incarnée par une Louise Bourgoin fascinante, à la prestation largement césarisable (oui !)- jeune femme amoureuse, enceinte jusqu’au cou, et qui- comme tout le monde- croit que devenir mère, c’est que du bonheur. Paisible comme les flocons de neige au-dehors. Evident, comme le trait sur un test de grossesse. Logique, comme les manuels de philo qu’elle ingurgite pour percer les arcanes d’autrui. Sauf que non.

A une sublime séquence de drague via des jaquettes DVD et une première partie construite sur les fantasmes sociaux de la maternité, se succèdent les désillusions : Nicolas (Pio Marmai) n’est pas le mec parfait, les bouleversements corporels, identitaires et psychologiques annihilent la joie du départ, la maternité c’est neuf mois de solitude, de mains médicales et froides posées sur un corps bouleversé, une vulnérabilité à fleur de peau… et mille doutes à la minute. Un chiffre qui fait peur, aussi : 20 à 25 % des couples se séparent dans les premiers mois après la naissance du bébé. La bonne idée de Bezançon ? Ne jamais sacrifier la fraîcheur de ton face à la noirceur du propos. La vraie réussite du film ? Jouer admirablement bien sur les deux tableaux. A l’aise face au comique, au dramatique et à l’intime, le cinéaste livre des séquences d’une puissance incroyable, comme celle de l’accouchement d’une crédibilité rarement égalée- et malmène corps et cœurs avec tout autant de candeur … que de cruauté. Un paradoxe qu’il rend, tout du long, hautement cinématographique.



Sortie cinéma le 28 septembre 2011.