Naturellement il s’agit de Scarlett O’Hara et de Rhett Butler, ces inoubliables personnages créés par Margaret Mitchell en 1937. Ce titre pompeux, loin de vouloir mettre en valeur mon ego démesuré, souligne au contraire son insignifiance et le ridicule de ce petit moi anonyme écrasé entre ces deux monstres sacrés emportés à jamais à travers les âges de la littérature et du cinéma.
Qui ne les connaît pas, en effet, ces deux amoureux malheureux-là? Aussi célèbres désormais que Tristan et Iseult incarnant à eux seuls la terre de Bretagne, la Grande et la Petite, aussi passionnés que Romeo et Juliette, symboles de l’Italie renaissante, voici le couple inséparable, bien que séparé, de l’Amérique victorieuse de la guerre de Sécession, prête pour son rôle de leader mondial.
Dès 1940, grâce à Victor Fleming, le cinéma les rendait célèbres. Le film obtint dix oscars. Considéré aujourd’hui comme le sixième meilleur film du cinéma américain, il est le premier en termes de recettes et la fameuse réplique de Rhett à Scarlett lorsqu’enfin elle se rend compte, mais trop tard, que c’est lui son véritable amour et qu’elle s’écrie : «Mais que vais-je devenir Rhett?» et qu’il lui répond : «Franchement, ma chère, c’est le cadet de mes soucis.», cette réplique a été élue officiellement depuis, la plus grande du cinéma américain.
Le plus important est que ce film ait définitivement donné un visage et une personnalité aux deux héros du roman. Difficile de ne pas voir Glark Gable et Vivien Leigh quand on entend évoquer Scarlett et Rhett. Ils ont une telle présence à l’écran! Sans doute est-ce dû aussi au fait que j’ai d’abord vu le film avant de lire le roman. Aurait-ce été différent autrement ? Me serais-je fait une autre image de Scarlett par exemple? C’est dans cette optique que je voudrais terminer mon billet.
Qui est la Scarlett de Margaret Mitchell? Oublions l’actrice!
D’emblée, dès les premières lignes, c’est une séductrice,:
«Scarlett O’Hara n’était pas d’une beauté classique, mais les hommes ne s’en apercevaient guère quand, à l’exemple des jumeaux Tarleton, ils étaient captifs de son charme. Sur son visage se heurtaient avec trop de netteté les traits délicats de sa mère, une aristocrate du littoral, de descendance française, et les traits lourds de son père, un Irlandais au teint fleuri. Elle n’en avait pas moins une figure attirante avec son menton pointu et ses mâchoires fortes. Ses yeux, légèrement bridés et frangés de cils drus, étaient de couleur vert pâle sans la moindre tâche noisette. Ses sourcils épais et noirs traçaient une oblique inattendue sur sa peau d’un blanc de magnolia, cette peau à laquelle les femmes du Sud attachaient tant de prix et qu’elles protégeaient avec tant de soins, à l’aide de capelines, de voiles et de mitaines, contre les ardeurs du soleil de Géorgie.»
Voilà pour le visage mais qu’en est-il de son caractère?Orgueilleuse, têtue, égoïste, capricieuse, enfant gâtée, autoritaire, de mauvaise foi, rancunière, jalouse, et j’en passe.Je lui trouve tous les défauts de la terre et une seule qualité : elle est courageuse. Mais je l’aime. C’est l’ héroïne de mon adolescence.Et vous, quelle a été la vôtre?
Lu pour la lecture commune de Manu qui donne tous les liens.
Nouvelle participation au challenge de Sofynet, : Géorgie