En avant, calme et droit, sur le sentier étroit

Publié le 22 février 2008 par Ellie Page

En avant calme et droit vers la nouvelle école, celle des fondamentaux : compter dans sa tête, lire, écrire sans fôtes d'orthaugraffe, tout ski fot pour être une bonne saissière à Carrefourchanclerc, quoi. 

Je cite Le Monde :

"Ces textes fixent à l'école primaire (maternelle et élémentaire) un "nouvel horizon" (bleu horizon ? ), dont la référence est le "socle commun des connaissances et des compétences", issu de la loi d'orientation d'avril 2005."

A savoir : les compétences du socle commun ne sont pas de vagues objectifs, chaque enfant qui sort du système DOIT les avoir acquises. On fait comme on veut, ça doit entrer... Sinon ! Sinon quoi ? on les garde jusqu'à quand, les mômes ? L'école primaire ne peut garder sur ses bancs que jusqu'à 12 ans révolus au plus tard. Après, on oriente. Alors, ça va changer quoi ?

"La première caractéristique de ces projets de programmes est qu'ils mettent fortement l'accent sur les "apprentissages fondamentaux". "L'appropriation du langage" et "la découverte de l'écrit" sont les principaux objectifs de l'école maternelle, pour laquelle une "progression" détaillée des apprentissages est proposée pour la petite, la moyenne et la grande section. Par exemple, "comprendre le principe alphabétique" (une lettre transcrit un son) et "reconnaître la plupart des lettres" font explicitement partie des objectifs de fin de grande section.

Réducteur, insuffisant, les objectifs de l'école maternelle sont bien plus nombreux (émergence des conepts mathématiques, socialisation genre "mouche ton nez et dis bonjour à la dame", écriture, ouverture au monde, à l'art, à la littérature, aux jeux, apprentissages des règles lors de jeux coopératifs ou collectifs...)

C'est tout simplement insultant pour l'école maternelle. 

L'organisation de l'enseignement en cycles, comprenant plusieurs classes, est maintenue, mais ces cycles sont légèrement reconfigurés : le cycle 1 inclut désormais les trois sections de la maternelle ; le cycle 2 ne comprend plus la grande section et se trouve donc limité au CP et au CE1 et le cycle 3 (CE2,CM1,CM2) est inchangé."

La Grande Section évacuée du cycle 2, ça veut dire moins de concertations entre les enseignants de maternelle et d'élémentaire. Une perte. Enorme.

"Les principales évaluations, en CE1 et CM2, auront lieu en fin de cycle. Toutefois, pour le français et les mathématiques des progressions annuelles détaillées sont désormais proposées à l'école élémentaire du CP au CM2.

Les horaires de français sont renforcés : là où les programmes de 2002 proposaient des "fourchettes", les futurs programmes ne retiennent que leur amplitude la plus haute : 8 heures en CP et CE1 (cycle 2) et 10 heures en CE2, CM1 et CM2 (cycle 3). De plus, cet horaire s'applique sur une semaine réduite à 24 heures (contre 26 jusqu'à présent) par la suppression du samedi.

Les programmes de français évacuent la question des méthodes d'apprentissage de la lecture au profit des "objectifs" précis énoncés dans les progressions annuelles, libre à chaque enseignant de les atteindre à sa façon."

Plutôt une bonne nouvelle, cette liberté pédagogique. Mais faudrait voir à bien former les enseignants, à la base. Je veux bien le faire, si y'a personne mais je doute qu'on m'écoute. Après tout, je n'ai que de l'expérience.

"La fin de l'observation réfléchie de la langue (ORL), une des notions les plus violemment contestée des programmes de 2002, est consacrée par ces projets de programme qui, sans surprise, réhabilitent la traditionnelle "leçon de grammaire" et précisent pour chaque classe les notions à acquérir en s'efforçant d'éviter les excès de jargon."

Ouais. S'il suffisait de changer les maux mots. Remarque, ORL, j'ai toujours trouvé ça ridicule. Le problème de la grammaire, c'est qu'on n'a plus le temps de faire pratiquer certains exercices répétitifs (type BLED pour ne pas le citer) et quand on les donne à faire à la maison, on est hors-la-loi (les devoirs sont interdits, les leçons non, mais allez faire apprendre une leçon sans la mettre en application). Et le soir, il y a les familles qui font faire le travail et celles qui ne le font pas.

Enfin, bonne nouvelle, on va peut-être avoir le droit de rouvrir le BLED en classe maintenant sans se faire casser par la hiérarchie. R'marquez, les Bled, on les a toujours et, bizarrement, y'en a des qui sont même pas pleins de poussière... à croire que le ménage est bien fait, dans les classes. 

La "récitation" est à nouveau affichée dès le programme de CP et CE1 qui ne retenait jusqu'à présent que la "poésie" (mais c'est la révolution, alors !!! ^^^^^^^) et la "rédaction" est à nouveau à l'honneur au CE2, CM1 et CM2 (au lieu de "production d'écrits", notion plus vaste). Les progressions souhaitées en grammaire de classe en classe sont indiquées de manière particulièrement détaillée et la nécessité d'une "attention permanente portée à l'orthographe" est affirmée.

Là, ok : écrire est très important. Mais reste toujours le problème de temps. Pour progresser en grammaire notamment, l'enfant doit écrire tous les jours (je veux dire : s'exprimer, construire des phrases), j'en suis persuadée.  Ecrire, se relire, corriger, reprendre. Et ça, c'est DUR. 

"En mathématiques, le ministère assure que ces propositions de programme marquent un "net renforcement" de l'importance accordée aux techniques opératoires, mais les associations qui réclamaient l'introduction dès le CP des quatre opérations (addition, soustraction, multiplication, division) n'ont pas eu gain de cause : la division est seulement abordée au CE1. La pratique d'une langue vivante, sous la forme d'une "première sensibilisation" est prévue "dès le cours préparatoire". L'histoire des arts, chère à M. Darcos, est introduite."

L'histoire des Arts entre midi et deux alors ... ?

Sinon, la division en CE1, je demande à voir : faudrait déjà que les tables soient passées et que les soustractions à retenues soient acquises. Je ne vois pas comment, sauf à en faire faire ... le soir. Mais une fois encore, cela renforce l'inégalité entre les enfants qui ont de l'aide à la maison et les autres. 

Bien sûr, on va nous parler accompagnement après la classe, aide aux devoirs leçons, mais ... en bénévolat alors ? Merci bien, on donne déjà pas mal. Même si on nous demande de rendre les deux heures par semaine du samedi le soir, ça ne fera pas le tour. D'ailleurs, souvent on le fait déjà sous l'égide du volontariat. On est payé un petit peu pour ça. Adieu mes chères heures supp' à 15 euros brut (de quoi mettre de la margarine dans mes épinards transgéniques, quand même...) A la place, j'aurai mon samedi matin pour aller rammasser les fruits pourris qui restent après le marché. Chic !

"Ces programmes font également une place à "l'instruction civique et morale" prônée par Nicolas Sarkozy dans son discours du 15 février à Périgueux. Propice aux succès de tribune devant un public de droite; cette partie des programmes risque, pour la même raison, de passer plus difficilement auprès du corps enseignant. Au cycle 2 (CP et CE1), les élèves "acquièrent une première compréhension des symboles de la République". Ils apprennent "notamment à reconnaître la Marseillaise et à se lever lorsqu'ils l'entendent". Ils "découvrent les principes de la morale", lesquels "peuvent  être présentées sous forme de maximes illustrées". Au cycle 3 et dans une tonalité plus consensuelle, "l'importance de la règle de droit" est développée, la francophonie et l'union européenne sont étudiées."

Moi, je propose déjà deux ou trois maximes :

L'argent ne fait pas le bonheur.

Le travail c'est la santé... 

Pas mal, pour commencer. Hélas, ce n'est pas rétroactif, ça non plus.  

"Les textes présentés mercredi "ne seront pas figés" et seront "soumis à concertation", a indiqué d'avance l'entourage de M. Darcos. D'une part, une demi-journée "banalisée" (sans cours) sera organisée dans toutes les écoles pour permettre aux enseignants d'en discuter."

 Cool, c'est toujours ça de pris. J'espère que ce sera en juin, on pourra aller bronzer ! Pourquoi aller débattre alors que les débats généralement ne sont même pas pris en compte. Je me rappelle des derniers, en 2003 (?)... Une vaste rigolade.

D'autre part, les débats au sein d'une trentaine d'établissements témoins seront attentivement suivis par le ministère afin de voir "ce qui peut heurter".

J'attends de voir ça en vrai. 

"Enfin, avant leur adoption définitive, les programmes seront examinés par les commissions des affaires culturelles des deux assemblées."

Mise en application en 2112 alors. 

"Le ministre s'est gardé des marges d'ajustement. Il lui en faudra car les protestations couvent. Le SNUipp, principal syndicat du primaire, assure que ces propositions "ont été concoctées dans le secret des cabinets ministériels", que l'on "ignore tout" des experts consultés et que "la voix des enseignants est ignorée comme celle des syndicats et des associations professionnelles". Enfin, les grilles horaires hebdomadaires sont difficiles à mettre au point en raison, de manière paradoxale pour des programmes "resserrés" d'un alourdissement du cahier des charges : aux 10 heures de français en cycles 3 (CE2,CM1,CM2), il faut ajouter 5 heures de mathématiques, 4 heures de sport, 1 heure 30 de langue vivante… Soient déjà 20 heures 30, sur un horaire total de 24 heures, où il convient encore de faire entrer les sciences, l'histoire-géographie, l'histoire de l'art, l'initiation à l'informatique, l'instruction civique et morale… "Nos voisins européens y arrivent, pourquoi pas nous ?", répond à ce sujet l'entourage de M. Darcos."

Ben oui, on doit être cons, allez. Mais souvent les enseignants des pays européens sont mieux payés et y'z'ont moins d'élèves... mais bon, nos grands-parents on les mettait 35 par classe et ils avaient tous leur certificat d'études pour alelr mourir dans les tranchées, alors pourquoi râler ? ... 

Les évaluations des acquis des élèves, qui auront lieu en fin de cycle, en CE1 et en CM2, inquiètent particulièrement les représentants des enseignants, car le ministère a annoncé qu'elles seraient publiques, école par école. Les enseignants redoutent d'être tenus pour responsables de l'environnement économique et social de leur école, qui exerce une lourde influence sur les résultats de leurs élèves ou des aléas de la composition des clases. Le cabinet du ministre affirme qu'ils n'ont rien à craindre en ce domaine, "car ce que l'on va mesurer ce n'est pas le niveau mais la progression", ce qui devrait plutôt valoriser les équipes des établissements difficiles."

On va donc juger le prof sur ses résultats. Point barre. 

Moi, j'ai déjà commencé à me préparer : je vais faire apprendre les livrets d'évaluation par coeur à mes élèves, avec les réponses. Ouh qu'ça va être beau ! 

Réforme Darcos de l'école primaire : des programmes plus resserrés sur des objectifs plus évalués
LE MONDE | 20.02.08
©