Nous avons été accueillis pendant trois jours dans le village de Gurusina, au sud de Bajawa au coeur de l'île de Florès. Nous avons pu ainsi, y percevoir quelques éléments de la culture Ngadha. Ce qui frappe de prime abord est l'ordonnancement des villages organisés selon une hiérarchie complexe, reflet de celle qui structure la société.
La société Ngadha est en effet organisée en clans comprenant chacun six lignages qui correspondent à trois niveaux hiérarchiques. À chaque niveau correspondent un lignage mâle et un lignage femelle. Et ce, bien que la société soit matrilinéaire.
Les maisons, dans lesquelles vivent plusieurs familles, enserrent une grande place en terrasses. Sur celles-ci se trouvent des sortes de parasols (les ngadhu) et des petites maisons (les bhaga) et encore d'étonnantes pierres dressées, parfois des tombes.
Le dualisme masculin/féminin se traduit dans l'architecture du village.
Les ngadhu sont ainsi dédiés à l'ancêtre masculin, tandis que les bagha le sont à l'ancêtre féminin. Leur nombre dépent du nombre de lignages présents dans le village.
Sur les ngadhu sont représentés des guerriers tenant des lances.
Ces personnages ainsi que les bagha sont repris en miniature sur le faît du toit des maisons principales de chaque lignage. La présence d'un bagha miniature marque la maison principale d'un lignage féminin, celle d'un guerrier indique la grande maison d'un lignage masculin.
Au centre du village, on sacrifie cochons et buffles pour des cérémonies des récoltes, d'où la présence de trophées de cornes posés à l'entrée des maisons. Des offrandes sont déposées dans les bagha. Il semble que de plus en plus, seul, le sacrifice d'un poulet accompagne les cérémonies.
Quant aux grandes pierres dressées, je n'ai pu savoir quelle en était leur signification... Il ne semble pas qu'elles indiquent d'anciennes tombes comme on serait tenté de le penser.
Pour l'anecdote, la maman tenait à se faire photographier malicieusement le verre d'arak à la main, chose que son gendre, à sa droite, lui interdisait...
Un grand merci à nos hôtes !
Photos de l'auteure à Gurusina et Tolelela, Florès, août 2011.