«Vous avez aimé Al Qaïda en Afghanistan en Irak au Yémen et en Somalie ? Vous l’adorerez en Libye .» C’est un Libyen de Paris, partisan de Kadhafi -mais si, mais si ; ça existe- qui ironise, pour cacher son amertume et sa haine rentrée.
En fait, il met le doigt sur un point capital. Comme l’avait dénoncé le colonel et comme c’est évident, maintenant, il y a bien des islamistes dans le pseudo gouvernement provisoire, qui a quitté partiellement Bengazi pour s’installer à Tripoli. La victoire des rebelles, si elle est confirmée, ne cache pas leurs faiblesses. C’est l’OTAN qui les a imposés, laborieusement, et qui a permis une prise surprise de Tripoli en finançant dans la capitale… comme pour Bagdad… les trahisons qu’il fallait. Ni héros, ni stratèges, les « combattants de la liberté », si flagornés par les médias, sont plus qu’inquiétants. On nous a menti depuis le début Cette victoire des rebelles, relative si Kadhafi n’est pas capturé et dirige une résistance, laisse un goût plus qu’amer. L’OTAN a été bien au-delà de la résolution de l’ONU. Son but était bien de renverser le dirigeant libyen, la protection des populations civiles, réelles un temps, est vite devenu un prétexte et un alibi. On nous a menti depuis le début. Pourquoi ? C’est la bonne question.
De plus, il n’est pas assuré que les nouveaux dirigeants répondent aux espérances. Le nouveau gouvernement libyen a de quoi inquiéter. Le gouvernement intérimaire pèche par un fonctionnement pour le moins opaque. Sur les 31 membres qui forment son comité exécutif, seuls 13 sont connus de l'Occident, "pour des raisons de sécurité", assure-t-on à Benghazi. Parmi eux, d'anciens dignitaires du régime de Tripoli, des techniciens, un grand nombre d'universitaires ainsi que des représentants de grandes familles. Afin d'éviter toute surreprésentation des populations rebelles de Benghazi, fief de la contestation, par rapport aux autres, chaque ville, sous contrôle rebelle, se voit octroyer cinq sièges. Un nom sort pourtant du lot. Il s'agit de l'ancien ministre de la Justice, Mustapha Abdel Jalil, celui-là même qui avait signé, en 2006, l'ordre d'exécution des infirmières bulgares. Comme garantie de démocratie, on fait mieux.
Abdelhakim Belhaj, islamiste commandant militaire de Tripoli Selon Libération, les principaux gouverneurs militaires de la Nouvelle Libye seraient des anciens du Groupe Islamiste Combattant Libyen. Les historiens écriront-ils que la libération de la Libye fut le résultat d'une alliance, de fait, entre l'OTAN et les islamistes ? La catastrophique alliance anti-soviétique en Afghanistan n’aurait-elle donc servi à rien ? Fin juillet, le New-York Times rapportait que les « services de renseignement américains, européens et arabes étaient inquiets de l'influence que les anciens du GICL pourraient exercer en Libye après le départ de Kadhafi. Les services tentent d’évaluer leur influence et les liens persistants avec Al-Qaïda ».
Nicolas Sarkosy et l'entente cordiale Nicolas Sarkozy a reçu à l'Elysée, sans état d’âme, le représentant du Conseil National de Transition libyen, pour célébrer la victoire militaire de Tripoli. Mamhoud Jibril, présenté comme le Premier ministre de la rébellion libyenne, est, en fait, le Premier ministre d'un Conseil National de Transition sans gouvernement. Il a lui-même, en effet, dissout, le 8 août dernier, le Conseil Exécutif qui en faisait office, à la suite du meurtre du commandant en chef des forces rebelles -Abdel Younes- et sous la pression de la famille de ce dernier. Certains des membres de l'ex-Conseil Exécutif étant largement soupçonnés d'avoir commandité l’assassinat.
Mamhoud Jibril, premier ministre du CNT et Mustapha abdel Jalil, ancien ministre de la justice
Les talibans au pouvoir en face de nos côtes Tous les postes de commandement militaire sont aux mains des islamistes : Abdelhakim Belhaj (Tripoli), Ismaël as-Salabi (Benghazi), Abdelhakim al-Assadi (Derna), Ali Salabi (CNT)
Le cas de Abdelhakim Belhaj, nouveau gouverneur militaire de Tripoli, est des plus significatifs. Arrêté en 2004 par les Américains, il est ensuite livré à la Libye. En mars 2010, il est libéré par Saif Al-Islam Kadhafi, dans le cadre d'une amnistie des détenus liés à Al-Qaida, en contrepartie de l'engagement par ceux-ci de renoncer à la lutte armée.
Abdelhakim Belhadj, alias Abou Abdellah Assadak, est né en 1966 en Libye. Ingénieur de formation, il a rejoint les groupes armés en Afghanistan, Tchétchénie et en Irak. Il a été actif au sein du Groupe Islamique des Combattants en Libye. En 1980, il a combattu les Soviétiques lors de la guerre d’Afghanistan. Il a, par la suite, vécu successivement au Pakistan, en Turquie et au Soudan. Arrêté en 2004, il est interrogé par la CIA en Thaïlande, puis remis aux autorités libyennes. Lors de l’insurrection en Libye, il a réussi rapidement à s’imposer comme chef militaire pour diriger des combattants insurgés. Abdelhakim Belhadj a mené les combats à Djebel Nefoussa, avant de rentrer, avec les combattants, à Tripoli. L’émir du Groupe islamique des combattants libyens (GICL) est le premier à être entré à Bab-Razzia.
Les commandants militaires lybiens : de droles de croisés pour la liberté ! Les islamistes de Libye sont accusés d’avoir assassiné le général Abdelfattah Younes, fin juillet 2011. Le président du Conseil national n’a pas pu se rendre, pour l’instant, dans la capitale libyenne, craignant l’insécurité. Mustapha Abdeljalil n’est pas seulement menacé par les partisans de Kadhafi, mais également par ceux qui ont assassiné le général Abdelfattah, selon des sources proches du CNT.
Le général Abdelfattah Younes : un opposant aux islamistes Les talibans au pouvoir en face de nos côtes… Formidable résultat pour une guerre minable. Quand aux populations civiles, notamment les femmes, on leur souhaite bien du plaisir avec ce type de régime. Les chemins de la démocratie, notamment dans les pays arabes, sont décidément impénétrables. Surtout pour nos dirigeants et nos médias.
http://metamag.fr/metamag-366-Libye---bons-baisers-de-l%E2%80%99Otan-Vers-une-victoire-pitoyable-et-perilleuse.html
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