J'ouvre ici une tribune libre, a quelques personnalites,
en pointe dans leur domaine d'activite, de recherche.
Pour commencer voici l'article de M. Fabio FERRARI, fondateur de Symbiocars (site encore en construction).
Symbiocars est une société qui a pour objectif d’aider au développement des jeunes pousses
travaillant sur les transports renouvelables.
Tout le monde attend la voiture électrique
L’histoire de la voiture électrique commence avec l’histoire de l’automobile. Certains se souviennent de la Jamais-Contente, première voiture à dépasser les 100 km/h en 1899. A l’époque ou les pompes à essence étaient aussi rares que les stations à hydrogène aujourd’hui, la question c’est donc posée : pourquoi l’essence puis le gazole ont-ils supplanté la voiture électrique alors que « tout le monde l’attend » ? La réponse tient en une phrase : « la voiture électrique, c’est le fil ou le boulet »[1]. Ce qui a fait le succès des couples moteur 4 temps/essence puis moteur diesel/gazole, c’est que l’énergie nécessaire à transporter la voiture, son conducteur et accessoirement, le reste de sa famille et les bagages, doit prendre peu de place, de poids et être stockée de manière sûre. Il est bien difficile de concurrencer le litre d’essence sur ces domaines. Le fil ? c’est le train, le tramway, une solution élégante mais qui nécessite une infrastructure lourde à déployer et qui n’offre évidemment pas la liberté d’aller ou l’on veut. Le boulet ? c’est la batterie. La batterie au plomb qui n’a que peu évoluée depuis son invention[2] en 1889. Elle stocke en gros 100 fois moins d’énergie qu’un kilo d’essence, et 33 fois moins qu’un litre d’essence si l’on prend en compte le rendement moyen d’un véhicule diesel moderne et d’une chaine de traction électrique moderne. Ces rapports sont discutables puisqu’ils s’appuient sur des « rendements moyens de véhicules modernes », mais ils donnent une idée du rapport de force. Enfin, le temps de recharge d’une batterie est assez lent. Il ne faut pas oublier que l’automobile doit satisfaire un besoin de déplacement libre d’un certains nombre de passager, sans passer 6h à faire le plein, et même si ces critères sont loin de ceux qui décident aujourd’hui du choix d’un véhicule, ils restent des exigences de bases…
Les technologies évoluent. D’un coté, les batteries deviennent de plus en plus performantes. On ne remerciera jamais assez les perceuses électriques sans fil et les portables de toutes sortent qui financent ces avancées. Mais malgré tous ces efforts, nous sommes encore loin de l’essence…[3] Parallèlement à cela, les moteurs diesel évoluent, même si tout le monde s’accorde sur le fait que cette amélioration atteint une asymptote. Et que dire s’il était possible de fortement réduire la quantité de CO2 et des polluants relâchés dans l’atmosphère grâce à un « super pot » qui par exemple, stockerait les gaz. Car en effet, quels sont les avantages de la voiture électrique ? Son silence de fonctionnement : les personnes qui ont eu la chance de rouler en électrique s’en souviennent, et les conducteurs de voitures hybrides n’apprécient généralement pas le passage au thermique. La « puissance » : en effet, le moteur électrique a pour lui un couple linéaire, donnant une impression d’accélération forte et continue, le tout dans un rendement à faire pâlir de jalousie le plus beau des moteurs 4 temps[4]. Vous êtes certainement sensible à la pollution, et vous pensez que c’est l’avantage principal ? La démonstration est difficile à faire. La quantité de CO2 produite par kW d’électricité dépend fortement de l’énergie primaire qui a été utilisée pour la produire. S’il s’agit d’un dérivé du pétrole sans capture du CO2, le bilan reste un peu meilleur, mais il faut se battre pour le démontrer. Si la production est massivement à base de charbon, comme en Chine, le bilan devient défavorable. Ceci fait dire à certains réactionnaires que « la voiture électrique pollue plus que la voiture à essence ». La France est le bon élève sur ce sujet. Le nucléaire ne génère pas de CO2, mais des déchets radioactifs. Pour rester positif, l’effort sur la réduction du CO2 généré et l’augmentation de la part des renouvelables dans la production d’électricité est un effort mondial. Il est à parier qu’il sera plus simple de capturer le CO2 produit par une
centrale à charbon que celui qui sort du pot d’échappement d’une voiture[5]. Il reste enfin le coût au km. Le porte-monnaie est pour moi, le seul critère qui peut faire vraiment bouger les choses. La démonstration de l’avantage économique de l’électricité est elle aussi difficile à faire. Si l’on ajoute le coût du kWh au coût d’amortissement de la batterie, qui malheureusement s’use, le bilan n’est pas toujours en faveur de l’électrique. Et je ne compte pas les coûts d’industrialisation et d’adaptation des technologies électriques à l’automobile (seul Toyota a une vrai expérience), les coûts d’infrastructure, les efforts de transmutation culturelle du vieux monde de l’automobile (je cherche la pierre adéquate, des idées ?), etc. La flambée du prix du pétrole aide à faire pencher la balance du bon coté, mais paradoxalement, si les constructeurs atteignent leurs résultats de baisse de CO2 par km, il s’en suivra une baisse mécanique de la consommation qui compensera en partie l’augmentation du prix de l’essence… On peut chipoter sur la date du peak-oil, mais une chose est sûre, nous finirons bien par ne plus avoir de pétrole !
La voiture électrique a-t-elle finalement une chance de voir le jour rapidement ? Dans l’état actuel des choses et sans changer les exigences (autonomies, mêmes voitures) les chances sont très faibles. Il existe tout de même des pistes : amélioration des batteries, « voiture de ville », hydrogène, nouveaux business modèles[6]. Dans un premier temps, l’hybridation ouvre la voie. L’hybridation oblige l’apparition des courants forts et des gros moteurs électriques dans les véhicules… Mon conseil : achetez une voiture hybride, demandez à votre concessionnaire favori des nouvelles des belles promesses des salons de Frankfort, Tokyo etc. Toyota reste l’aiguillon qui pousse tout le monde vers l’électrique.
Tout ceci démontre que dans la constante et passionnante évolution technologique que nous vivons, les équilibres établis peuvent être bousculés. Il est admis que le ou les producteurs de batteries qui seront retenus pour devenir les fournisseurs des constructeurs automobiles seront immédiatement les plus gros producteurs de batterie lors du lancement des véhicules[7]. J’espère vivement que le retard technologique accumulé par tous les constructeurs vis-à-vis de Toyota sera rapidement rattrapé. Seul GM essaie aujourd’hui de faire mieux en proposant une solution encore plus innovante basée sur l’hybridation série. Mais il est vrai que sur le marché américain les équilibres ne sont pas les mêmes[8]. L’Europe se sent protégée par le bon vieux diesel et le taux de dieselification. A suivre donc.
[1] La solution qui semble émerger est le confinement dans des grottes souterraines, comme à Lacq.
[2] http://www.projectbetterplace.com/
[3] A surveiller, A123, LG, Valence, Bolloré, Saft, Kokam.
[4] Encore +27% en janvier sur les vente d’hybride au US.
[5] François Roby, Vers la voiture sans pétrole
[6] Mise au point par Gaston planté en 1889
[7] Rapports d’environ 40 pour le poids et 20 pour le volume en Li-ion
[8] http://www.youtube.com/watch?v=8qDZOBQs60w
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